L’entreprise sénonaise maintient ferme la barre dans le secteur des systèmes de propulsion pour chalutiers, remorqueurs, péniches etc. Présidé par Anne Loir, l’industriel injecte un million d’€ dans un centre d’usinage à commande numérique et de nouveaux logiciels, avec l’appui du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté et du fonds Feder. Masson Marine recrute aussi cinq mécaniciens.
La visite des deux vastes halles d’un hectare de superficie, l’une consacrée à l’usinage, et l’autre au montage, prend un temps certain. Dans la première, une multitude d’équipements ultramodernes de fraisage, perçage, tournage…, cohabitent avec d’autres du siècle dernier, reconnaissables à leur couleur vert réséda. Bienvenue chez Masson Marine à Sens, le spécialiste français des systèmes de propulsion pour bateaux de travail - ou de servitude - que préside Anne Loir.
« Nous concevons et réalisons des réducteurs [ boîtes de vitesse, ndlr ] et des hélices pour les chalutiers, les péniches, les navires océanographiques et militaires, les remorqueurs, les dragues…», précise la dirigeante, non sans ajouter avec malice que la frégate historique L’Hermione embarque un produit maison.
L’entreprise, qui réalise un chiffre d’affaires de 9,3 millions d’€, dont 70% à l’export, avec une cinquantaine de personnes, évolue sur un marché mondial baissier. Mais elle tire son épingle du jeu grâce à l’innovation, mais aussi, énumère la dirigeante, l’expertise avant vente, la fiabilité des produits et le SAV.
Un million d’€ d’investissement
Produit vedette, son hélice à pas variable permettant de naviguer en marche avant ou arrière sans changer de vitesse, soit à régime constant, fait toujours le bonheur d’une clientèle de chantiers navals, armateurs et motoristes.
Aujourd’hui, l'innovation porte sur la réduction du bruit, le poids des réducteurs, grâce à de nouveaux alliages et en interne, la diminution des délais de fabrication.

Camille Masson fonde la société qui porte son nom en 1908 à Courbevoie (Hauts-de-Seine). Dans les années 1970, le fabricant s'installe sur le site actuel de Sens et intègre le groupe Pont à Mousson. D’autres produits sont alors fabriqués comme des boîtes des vitesse pour les autobus et des disques de freins pour le ferroviaire.
En 1980, la société allemande Renk (groupe MAN) rachète Masson qui prend le nom Société Européenne d'Engrenages (SEE). Le groupe ZF, également d’outre-Rhin la reprend en 1999 et crée ZF Masson qui devient le centre privilégié pour les produits "workboat", c'est-à-dire « bateaux de travail ».
En novembre 2005, Masson rachetée à la barre du tribunal devient indépendante avec la création de la société Masson-Marine S.A.S. Elle est la propriété de deux investisseurs qui préfèrent demeurer discrets.

« Nous développons depuis une année un produit nouveau », glisse simplement Anne Loir. L’équipe de six personnes à la R&D, complétée par un bureau de quatre dessinateurs en Thaïlande pour élaborer des plans 3D, ne chôme ici jamais. Pas plus que le service commercial, ce dernier renforcé par deux filiales implantées à Singapour et en Espagne, qui s’occupe d’une trentaine de distributeurs dans le monde.
Pour mener à bien tous ces projets, l’industriel investit en moyenne 500.000 € tous les deux ans. Cette année, il injecte un million d’€ avec l’appui du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté et du fonds Feder pour se doter notamment d’un centre d’usinage à commande numérique et de nouveaux logiciels. « Nous recrutons également cinq mécaniciens », ajoute Anne Loir.


Cette avignonnaise à l’autorité toute naturelle n’a jamais besoin de forcer sa voix pour se faire entendre. Titulaire d’un DESS de gestion, doublé d’un master en management, elle débute dans le conseil pour entreprises en difficulté, mute ensuite dans l’audit et le contrôle de gestion.
En 2010, elle intègre la holding des repreneurs de Masson Marine et les conseille dans leur développement.
Deux années plus tard, ces derniers lui confient le pilotage de l’entreprise où elle fait merveille avec sa façon très personnelle de déléguer en confiance et d’inviter chacun à prendre ses responsabilités.