L’entreprise de service numérique basée à Strasbourg a changé de gouvernance en juillet dernier. Le luxembourgeois EBRC, spécialiste de la sécurité informatique et de la gestion de data centers, devient l’actionnaire majoritaire. Grâce à cette alliance renforcée, Digora veut doubler son activité dans cinq ans.
Présent au capital de Digora depuis 2017, EBRC (European Business Reliance Centre) – société du groupe Post Luxembourg spécialiste en Europe de la gestion et de la protection des informations sensibles et applications informatiques critiques –, augmente sa participation pour détenir désormais 66,2 % du capital du groupe Digora.
Les 33,8 % restants appartiennent à Gilles Knoery, co-fondateur de Digora, qui devient président de l’entreprise, suite au départ de son associé Renaud Ritzler. Ce changement de capital et de gouvernance ouvre de nouvelles perspectives à la PME strasbourgeoise qui emploie environ 150 salariés et a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 23 millions d’€.
« Forts des synergies en cours de déploiement avec EBRC, du développement de nouvelles offres, mais aussi d'une stratégie d’alliances ciblées, nous avons l’ambition de doubler notre activité en cinq ans avec une croissance maîtrisée et rentable », annonce Gilles Knoery. Le nouvel actionnaire majoritaire lui ouvre les portes du marché luxembourgeois, riche en banques et fonds d’investissements…
La société bas-rhinoise, qui depuis sa création en 1997 a suivi une croissance endogène, ne s’interdit pas non plus de réaliser des opérations de croissance externe. « Nous avons quelques pistes », lance le président. Des partenariats sont aussi à l’étude avec des acteurs du domaine de la santé, un des axes stratégiques de la Région Grand Est. « Nous sommes un fournisseur de data pour l’intelligence artificielle au service de la santé », précise Gilles Knoery.
Depuis quelques années, l’expertise de Digora sur la performance des environnements de données est devenue aussi une expertise de valorisation de la donnée, de cybersécurité et de pilotage des ressources cloud. Grâce aux compétences de EBRC en matière de sécurité informatique, l’entreprise alsacienne va pouvoir se renforcer sur ce marché dans l’hexagone.
« En France, nous sommes un peu en retard sur ce sujet. Peu d’organisations ont vraiment sécurisé leurs données. Elles ne sont pas cryptées par exemple. Maintenant, nous allons pouvoir déployer des cyber-forces en cas d’attaque, proposer du conseil et des cartographies des risques informatiques », prévient le président.
Une croissance plus importante que s’il n’y avait pas eu la crise sanitaire

Les clients de Digora qui sont des ETI (employant quelques milliers de salariés) dans le domaine du retail, de la finance, de l’énergie, ou des institutions publiques comme des hôpitaux, ont de plus en plus de besoins autour de la data. « Il y a quelques années, l’outil informatique principal de l’hôpital servait à générer les factures. Aujourd’hui, il sert à gérer les dossiers des patients. Ces données doivent donc être sécurisées et accessibles en permanence », poursuit-il.
Malgré un ralentissement de l’activité dû à la crise sanitaire, notamment du côté de ses clients du secteur de la distribution, qui ont été contraints de fermer leurs magasins pendant plusieurs mois, la demande est soutenue et les perspectives sont plutôt bonnes. « Notre carnet de commandes est plein jusqu’à la fin de l’année. Et pour 2021, nous anticipons un « trend » de croissance qui sera plus important que s’il n’y avait pas eu la crise sanitaire. Cette crise a poussé les entreprises et les établissements publics à se réorganiser », assure le dirigeant.
Au niveau des recrutements, Gilles Knoery reste prudent : « Si nous réalisons une opération de croissance externe, nous allons grandir, mais aujourd’hui, nous travaillons plutôt à améliorer notre productivité en industrialisant nos process avec les méthodes de lean management. »
La société a passé un partenariat avec l’Ecam Strasbourg (École Catholique d'Arts et Métiers Strasbourg-Europe ) : elle va assurer des cours sur le numérique dans cette école d’ingénieurs, en échange d’enseignements sur les méthodes de lean management.

Depuis le départ de Renaud Ritzler, Gilles Kneory a constitué un nouveau comité de direction avec Hervé Knoery, délégué aux opérations, en provenance de Barre, société de services industriels du groupe Eiffage, Bruno Flandrin, directeur France et Thierry Loubes qui a rejoint Digora en 2018 et devient directeur du développement.
Photos fournies par l'entreprise.