
AGROALIMENTAIRE. Cela n’a l’air de rien, une dragée. Et pourtant. On s’imagine mal la somme de savoir-faire qui se concentre dans ces quelques centimètres de confiserie.
Il faut alors faire un tour chez les Dragées Adam.
La PME alsacienne teste actuellement son fleuron technologique, une machine qui trie une à une la qualité des dragées par caméra optique.
Son développement et l’installation ont requis 230 000 € soutenus par la Région Alsace et Oséo.
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Dans les ateliers d’Herrlisheim (Haut-Rhin), on s’affaire à trouver le bon dosage entre le sucre et l’intérieur composé de chocolat ou d'amande afin de dégager un maximum d’arômes.
Sans casser les dents du consommateur ! Les Dragées Adam revendiquent la «tendresse» de leur produit. «Croquez dedans, vous constaterez que ce n’est pas du tout dur comme une dragée standard», propose Raphaël Kieselé, le directeur général. Testé et confirmé !
Fabriquer une dragée suppose de franchir toute une série d’étapes dont les termes rappellent l’industrie pure et dure : la presse pour fabriquer les intérieurs, la formulation, le gommage (la pose de la sous-couche qui encapsule l’arôme), la finition réalisée dans une turbine inox.
Tout ceci n’est pas à la portée du premier venu. Parmi ses 35 salariés, Adam compte quatre «dragistes». «Nous faisons partie des trois fabricants premium en France», annonce Raphaël Kieselé.
Ce porte-drapeau de la confiserie française de qualité se faufile dans les grands restaurants, les grands magasins, les épiceries fines les plus prestigieuses et jusqu’à des magasins spécialisés en Australie, premier débouché à l’export.

«La dragée devient un vrai bonbon que l’on peut consommer à tout moment. Elle résulte d’une alchimie, on l’accommode aux parfums les plus variés. Dans l’absolu, on peut tout faire avec elle», souligne Raphaël Kieselé.
Cette propension à la fantaisie, la PME ne s’en prive pas. Elle peut donner à la dragée le goût du spéculos, du caramel au beurre salé, de la tarte citron, de la crème brûlée, du nougat, du pain d’épices ou même du gingembre.
Sa palette qui épouse toutes les couleurs ne confine plus la confiserie aux mariages et aux baptêmes.
La PME transforme 600 tonnes par an : 300 tonnes de sucre venant du site alsacien de la sucrerie Erstein, 150 tonnes de chocolat et 150 tonnes d’amandes recueillies dans leurs hauts-lieux de Sicile (amande Avola), du Sud de la France (Ferraduel) et d’Espagne.
Contrôle de la qualité par caméra optique
La capacité à se renouveler, la PME familiale centenaire se l’est aussi appliquée à elle-même. Elle a eu bien du mal à surmonter le choc du décès subit du dirigeant Alfred Adam en 2000, jusqu’à se trouver au bord du dépôt de bilan il y a cinq ans. Venu de la chocolaterie, Raphaël Kieselé a été mandaté par la famille propriétaire pour tout remettre à plat.
Depuis 2007, l’entreprise a augmenté son chiffre d’affaires de 40 % (5,6 millions d’€ cette année). Elle est devenue une société profitable avec 3,5 % de résultat net, modernisée dans ses process, au personnel qualifié, et innovante.
Elle teste actuellement son fleuron technologique, une machine qui trie une à une la qualité des dragées par caméra optique, dont le développement et l’installation ont requis 230 000 € soutenus par la Région Alsace et Oséo.

«Les postes de travail seront maintenus, mais ils seront autrement moins pénibles», indique le dirigeant. Celui-ci se serait bien vu décrocher un crédit-impôt recherche.
«Mais on a l’impression que cet outil de financement est mission impossible pour une petite société comme la nôtre. C’est dommage».
Photos : Christian Robischon.