PHARMACIE. Les laboratoires Fournier, créés à Dijon en 1880 par Eugène Fournier, puis développés à partir de décembre 1940 par Jean Le Lous, pharmacien de génie, vont disparaître.

L’entreprise qui emploie encore localement près de 330 personnes vit une restructuration décidée par l’Américain d’Abbott, repreneur de l’entreprise au groupe Solvay en février 2010.

Motifs : «rapprochement des fonctions globales des centres de décision, harmonisation des systèmes, notamment finance et informatique et, adaptation des organisations à la charge de travail».

C’est la fin programmée d’une belle aventure industrielle. Les Laboratoires Fournier, l’un des grands fleurons de l’économie bourguignonne vont disparaître de Dijon (Côte-d’Or), leur berceau d’origine.

L’entreprise pharmaceutique, qui était encore en 2002 le quatrième indépendant français, a déjà vécu depuis son rachat en 2005 par le groupe Solvay à la famille Le Lous, une vente par appartement.

Reprise en Février 2010 par l’Américain Abbott (35 milliards de $ de chiffre d’affaires), elle subit aujourd’hui un plan drastique de restructuration qui va la rayer du panorama dijonnais.

Étape une : la mise en place d’un plan social touchant 46 postes sur les 70 du siège, dont 24 suppressions pures et simples, 20 transferts principalement à Bâle, en Suisse, et 2 affectés à un prestataire externe.

«Il s’agit d’un nouveau pas vers le dépeçage final de notre société», constate amer Jacques Amiot, membre du comité d’entreprise et délégué CFDT.

Depuis l’annonce de ce plan, il ne cesse, avec ses autres collègues de l’intersyndicale, d’alerter les pouvoirs publics sur une situation jugée aujourd’hui désespérée. Au point de mobiliser le 8 octobre dernier pas moins de 200 salariés dans les rues de la capitale de la Bourgogne pour la première manifestation de l’histoire de l’entreprise.

«L’avenir de la marque Fournier n’est pas sur Dijon, car notre principal centre de décision se situe à Bâle; c’est pourquoi depuis le rachat, nous avons toujours annoncé notre volonté d’intégrer toutes les fonctions de l’entreprise à notre propre organisation», explique, non sans une vraie franchise, la direction d’Abbott.

Dans un texte qu’elle nous a adressé, la direction justifie plus avant sa décision par la volonté : «de rapprocher des fonctions globales de leur management et des centres de décision d’Abbott dans un souci d’efficacité et de flexibilité ; d’harmoniser des systèmes et processus notamment en finance et en informatique et d’adapter des organisations à la charge de travail dans l’avenir».

Pour qui sait manier l’art de la litote, le propos se veut limpide.

Orientation vers les biotechnologies

Étape deux : Abbott poursuit ses investigations, lancées depuis plus d’un an, pour céder le centre de recherche de Daix, près de Dijon, où travaillent 230 personnes et qui en fait travailler 30 autres au siège dijonnais.

De sources non recoupées, sur 20 repreneurs approchés par un cabinet, un seul resterait actuellement en lice.

«Rien économiquement ne justifie cette vente, c’est pourquoi nous avons lancé un droit d’alerte, sans obtenir pour l’instant la moindre explication plausible», argumente Jacques Amiot.

«Nous voulons trouver une solution pérenne pour ce site très performant, mais qui n’entre pas dans notre stratégie de R&D, en mettant tous les moyens nécessaires», indique la direction d’Abbott.

Car, là encore son propos écrit est clair : «nous orientons notre recherche vers les biotechnologies et ajoutons à notre recherche interne, toute opportunité d’acquisition de licences ou de conclusion de partenariats de collaboration externe».

Fournier commercialise principalement deux médicaments phares : le lipanthyl (médicament notamment prescrit pour lutter contre le mauvais cholestérol) et le tadenan (troubles de la prostate).

Crédit photo: Abbott

2 commentaire(s) pour cet article
  1. Maxsladedit :

    De nos jours, nous avons affaire à des gens ciniques, nous le devenons nous aussi sans le savoir, d'où cette impression de résignation.........

  2. FRAN"dit :

    Je n'ai lu aucun commentaire à cette mort annoncée !!!! Quelle tristesse et quelle ingratitude !!!!! Sommes-nous devenus des "résignés" en lieu et place d'être des "indignés" ? Je demeure sans voix et emplie d'interrogations sur le devenir des générations futures. Mais, dans quel sens marchons-nous ? Sur la tête, sans doute. Requiem pour un Laboratoire.............. FRAN"

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