La société fondée à Annecy (Haute-Savoie) par Alain Béjean a trouvé à Champvans (Jura) où poser ses valises pour lancer une unité de constructions modulaires en bois inspirée des méthodes industrielles pour gagner en productivité. Le site va procéder à 40 embauches cette année, ce qui doublera ses effectifs. TH localisera en Picardie la prochaine étape de son développement.
À la révolution du BTP, l’entreprise TH veut apporter sa pierre. Ou plutôt ses blocs, et ce, depuis Champvans à côté de Dole (Jura). La PME, dont le nom est la contraction de Technologies & Habitats, a établi en ce lieu l’unité de préfabrication de ses constructions modulaires en structure bois, par laquelle elle entend répondre simultanément aux enjeux de la diminution de l’empreinte carbone du monde du bâtiment et de la réduction de ses délais.
« Le secteur arrive un peu au bout de son modèle : sa productivité stagne, il cherche sa main d’œuvre plus loin par recours au travail détaché, et la place dominante du béton lui pose un défi majeur sur le chemin du bas carbone », analyse le dirigeant de TH, Alain Béjean. Dès lors, celui-ci a imaginé appliquer autant que possible les préceptes de l’efficacité du process industriel qu’il avait connu et lui-même mis en œuvre dans sa précédente vie professionnelle, celle de directeur général en charge du développement au sein de Somfy.
Et c’est entre la Haute-Savoie, le fief de son précédent employeur, et le Jura dont lui-même est originaire que l’entrepreneur a établi ses quartiers. Annecy, où il a fondé TH en 2014, héberge le centre d’ingénierie de l’entreprise tandis que l’agglomération de Dole accueille l’unité de fabrication depuis 2017.
« En rassemblant le maximum de données, de matériaux et de sous-ensembles en amont, nous montons des blocs tous corps d’état qui concentrent 90 % des éléments nécessaires : cloisons, sols, sanitaires, réseaux de fluides, réseaux électriques…», décrit Alain Béjean. Les blocs finis sont livrés par convois exceptionnels sur le site qui fera d’eux une maison individuelle ou un petit immeuble collectif : TH vise le segment jusqu’à 30 logements d’un seul tenant, « celui des artisans et petites PME, en-dessous du seuil d’intervention de prédilection des entreprises de construction plus importantes », ajoute le dirigeant.
Le gain de productivité, objectif premier, s’obtient par cette industrialisation – dont le dirigeant assure qu’elle reste compatible avec une réponse sur-mesure – et par la diminution des délais, ramenés jusqu’à quatre mois entre la commande et la prise d’occupation. L’assemblage lui-même peut s’effectuer en quinze jours, selon l’entreprise, qui annonce ainsi un « temps de production divisé par quatre et une durée de chantier divisée par dix ».
S’agissant du bilan environnemental, le « Lego » de TH possède les atouts bas carbone de la structure bois et s’affiche en consommation annuelle à moins de 15 kilowattsheure par m2, correspondant au niveau « passif ». Pour un coût « égal à la construction traditionnelle », dixit Alain Béjean.
Neuf appartements pour Néolia dans le Grand Besançon

Le décollage n’a pas été immédiat. TH comptabilise un peu plus de 50 réalisations livrées. Ses commandes grimpent à présent, selon ses indications. Elles comprennent notamment une première réalisation collective de 9 appartements pour le bailleur Néolia à Chaucenne près de Besançon (Doubs) dont les modules sont installés jusqu’au 23 mai, de nouveaux contrats avec des promoteurs et un marché de chambres étudiantes pour Bouygues. De 7 millions d'€ prévus en 2022, l’objectif de chiffre d’affaires est annoncé à 20 millions d'€ en 2023, avec 150 salariés, contre 70 aujourd’hui.
Le site de Champvans sera l’un des bénéficiaires de cette croissance, pas de façon exclusive. Son effectif est appelé à doubler d’ici à la fin de l’année, soit 40 nouveaux recrutements s’ajoutant aux 40 postes actuels dont la surface a été portée de 2.000 à 5.000 m2 en septembre.
Une seconde unité, deux fois plus vaste est prévue, mais ailleurs : TH la localise dans l’agglomération de Soissons (Aisne) pour l'entrée en service d’une première tranche l’an prochain. Ces différents investissements, d’un montant de 3 millions d’€, doivent donner les moyens de porter la cadence totale (depuis Dole et le Soissonnais) au niveau ambitieux d'un millier de logements par an à l’horizon 2026.

Pour atteindre ses objectifs de recrutement, Alain Béjean a cherché à attirer vers son entreprise les jeunes et les personnes éloignées de l’emploi. Appliquant à nouveau les recettes connues dans l’industrie en général, il a déployé la méthode du recrutement par simulation (MRS) mise au point par Pôle emploi et fondée sur la recherche des « habiletés » adéquates pour le futur poste de travail, sans considération de diplôme ou de qualification préalable.
Les personnes sélectionnées intègrent l’ « Académie TH » et en ressortent avec un CDI, sauf accident. « Nous recrutons plus de la moitié des nouveaux embauchés de la sorte et le taux d’intégration des candidats se situe à 90 %. Il faut compter un an pour leur faire atteindre la polyvalence de compétences requise », indique le dirigeant.
Photos fournies par l'entreprise.