Le chantier que visiteront ajourd'hui 11 octobre les collégiens, lycéens et stagiaires de la formation professionnelle de Côte-d’Or, à l’occasion des Coulisses du Bâtiment – opération nationale de promotion de la filière organisée par la Fédération Française du Bâtiment – a un double caractère innovant, technique et sociétal. Les maisons en bois sont isolées avec un complexe à base de carton fabriqué en Saône-et-Loire par des personnes en insertion.
Les 40 logements que construit Habellis (*) rue Saint-John Perse, dans le quartier Les Hauts de Pouilly à Dijon, sous la forme de maisons de ville, construites en bois, sont isolés avec du carton. Plus précisément avec de la ouate de cellulose fabriquée à partir de carton. Un isolant issu de l’industrie papetière est relativement nouveau en France ; en Amérique du Nord, on produit des isolants à base de papier recyclé depuis plus de 70 ans.
C’est Idem (Innovation Développement Eco-Matériaux), une entreprise d’insertion du groupe bourguignon ID’EES, qui fabrique depuis un an ce matériau biosourcé à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), avec les rebuts de production des cartonniers. Son rôle est de redonner un emploi à des personnes laissées au bord de la route. Depuis plusieurs années, elle recyclait les rebuts de carton de ses voisins International Paper ou Saica Pack en plateaux de protection pour palettes.
Tout le carton non conforme ne pouvant techniquement être réemployé de cette façon, Christian Marie qui dirige l’entreprise, a eu l’idée d’en faire un isolant et s’appuie sur le Centre de ressources et transfert technologique bois d’Épinal (Vosges) pour le mettre au point. Les ateliers de Chalon-sur-Saône qui emploient pour cette activité aussi des personnes en insertion, en avaient produit 55 tonnes fin juin dernier. La capacité de production est de 800 à 900 tonnes.

Le carton utilisé est uniquement du carton brun ondulé car il ne contient pas de produits chimiques (les parties comportant des traces d’encre d’imprimerie ne sont pas utilisées). Il est défibré et broyé puis mélangé avec une huile pour compacter les fibres et éviter la volatilité des composants.
Après avoir subi un traitement ignifugeant et antifongique, la ouate de cellulose ainsi obtenue est conditionnée en ballots, livrés sous cette forme sur le chantier. Sur place, l'ouvrier du bâtiment défait le ballot avec une machine qui libère des flocons, et les injecte dans des caissons qui forment les murs ou les planchers.
Principal atout, le confort d’été

Avant ce chantier, le premier de grande ampleur en Bourgogne-Franche-Comté, le matériau a du passer au crible des contrôles et avis techniques nécessaires à sa mise en ouvre dans la construction.
Le constructeur et ses maîtres d’oeuvre, le bureau d’études dijonnais Archimen et les architectes de Studio Mustard Architecture et Urbanisme ont été séduits par cet isolant singulier pour ses qualités thermiques et ses atouts environnementaux. « En fait c’est le confort d’été qui est le plus appréciable car la chaleur met du temps à traverser les murs », explique Christian Marie. « Le carton stocke du carbone et sa transformation est peu gourmande en énergie car elle est mécanique », ajoute-t-il.
Les initiateurs de ce programme de logements avaient ajouté l’argument favorable du circuit court d’approvisionnement, également proposé pour les autres acteurs du chantier. Plutôt qu’un gros acteur de la construction, a été choisi un groupement d’entreprises régional composé des charpentiers et constructeurs de maisons à ossature bois, L’Art du Toit à Arceau et Constructions Bois Fournier à Collonges-lès-Premières, tous les deux en Côte-d’Or, du jurassien ALD à Port-Lesley et du spécialiste de la charpente en lamellé collé Simonin dans le haut-Doubs.
Un autre isolant, plus connu celui-là, conforte la performance énergétique : de la fibre de bois qu’ALD intègre dans les panneaux de façades dans ses ateliers.
Le programme sera progressivement livré au dernier trimestre 2020. Le prix hors taxe au mètre carré s’élève à 1.330 €.

Dans le Jura, la fédération départementale du bâtiment a choisi de faire visiter aux scolaires ce vendredi 11 octobre, le chantier du centre aquatique et sportif du Grand Dole qui consiste à rénover et agrandir la piscine actuelle en ajoutant 3 bassins intérieurs, un bassin nordique de 50 mètres extérieur, deux gymnases, un mur d'escalade, des salles de sports et un espace bien être. Le chantier qui est réalisé dans le cadre d’un contrat global de conception, construction, exploitation et maintenance par l’entreprise C3B (groupe Vinci) est également ouvert au grand public de 17h à 20h.
Dans le Territoire de Belfort, les visiteurs seront accompagnés, ce même 11 octobre, par des professionnels ou des élèves de 2ème année du DUT Génie Civil, Construction durable, sur le chantier de la Résidence du Château Servin à Belfort. Cette belle demeure du début du 20ème siècle qui fut pendant 40 ans un hôtel-restaurant renommé, a été racheté il y a 3 ans par un investisseur qui la rénove en logements haut de gamme et construit dans le parc quatre bâtiments supplémentaires.
La Fédération Française du Bâtiment a édité un livret de l’élève qui présente de façon claire les principaux acteurs de l’acte de construire : « 30 métiers, aussi pour les garçons que les filles ! », du maître d’ouvrage aux entreprises et au maître d’oeuvre dont le plus connu est l’architecte. Destinée à inciter les jeunes à intégrer les métiers du bâtiment, l’opération annuelle Les Coulisses du bâtiments se déroule sous la forme d’une visite du chantier, accompagnée de professionnels.
(*) Habellis (chiffre d’affaires de 65 millions d’€) est né en octobre 2018 de la fusion de Villéo et Logivie et de leur parc de logements sociaux qui se chiffre à près de 13.500 logements en Côte d’Or, en Saône-et-Loire et dans la Nièvre. Son principal actionnaire est Action Logement qui gère paritairement la Participation des Employeurs à l’Effort de Construction (PEEC) en faveur du logement des salariés.
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