LOGICIELS/BESANCON. Née à l’incubateur de Temis en 2017, la jeune pousse vient de se faire référencer par le groupe Accor Hôtels avec sa solution de gestion des ressources humaines spécifique au secteur de la restauration et de l’hôtellerie.
L’étape suivante sera de doter le logiciel d’intelligence artificielle pour l’améliorer encore. Et plus tard, de l'adapter à d'autres secteurs d’activité dont la gestion des plannings est un casse-tête quotidien.
Découverte, hier 22 mai, au petit-déjeuner Temis Innovation, avec son fondateur Valentin Lamielle, un entrepreneur de 23 ans, lauréat de réseau Entreprendre® Franche-Comté.

Le coup d’accélérateur au déploiement de la solution de Lamster est donné. Les 18 et 19 mars, la start-up de Besançon, qui avait pu montrer son logiciel de gestion RH au conseil d’administration de l’AFA (Association des franchisés Accor), en décembre 2017, était invitée à présenter son bébé aux membres de l’association lors de son assemblée générale à Strasbourg. Plus de 400 hôtels dont une grosse centaine ont déjà signé avec Valentin Lamielle, le jeune président-fondateur de Lamster.
Entré à l’incubateur d’entreprises innovantes de Franche-Comté – dans sa version précédente –, à l’antenne de Temis Innovation, à Besançon, en septembre 2015, son DUT en poche, Valentin Lamielle avait dans l’idée de mettre au point un logiciel de gestion du personnel de la restauration et de l’hôtellerie. Un secteur bien spécifique qui fait face à un fort turn-over et de nombreux retards et absences, et doit pouvoir faire appel à du personnel en extra de façon réactive.
Il avait rapidement rencontré un franchisé Accor qui l’avait mis en contact avec la chaîne Ibis, laquelle l’avait ensuite conduit à entrer en contact avec sa maison-mère, le groupe Accor Hôtels. La société avait été créée en mars 2017, et Lamster était sortie d’incubateur pour intégrer la pépinière de Temis le mois suivant, prête à conquérir le secteur visé avec son tout nouveau logiciel.
La solution a été développée en mode Saas (software as a service, c’est à dire installée sur un serveur distant), elle reprend la plupart des réseaux sociaux et est accessible sur différents types de matériels et à différents publics, gestionnaires comme salariés. L’objectif est de gagner du temps, chaque établissement pouvant choisir, pour sa page d’accueil, ses propres indicateurs.
« Un franchisé Accor qui a plusieurs hôtels peut gérer tous ses établissements et planifier l’ensemble du personnel », explique le jeune dirigeant. « Le logiciel affecte les personnels à l’activité, tient compte des repas, valide les horaires, et le manager approuve ou refuse ce qui lui est proposé. Un récapitulatif, en fin de mois, permet d’aller jusqu’à la paie, la solution étant couplée, pour l’instant, à 5 ou 6 éditeurs de paie, et à la totalité des 15 existant d’ici deux mois. »
Innovation dans le concept mais pas encore dans la technologie

Le logiciel est personnalisable et affecte les droits selon les souhaits du gestionnaire. Une partie « coffre » lui est réservée, qui contient la liste des salariés (et permet de trouver au plus vite un remplaçant en cas de défaillance), les documents légaux, les conventions collectives…
Côté salariés, le coffre contient les pièces justificatives, CV et autres documents obligatoires. Les salariés rentrent eux-mêmes les informations nécessaires à l’établissement de leur contrat de travail, qui peut ainsi être établi en quelques minutes. La solution propose d’ailleurs des contrats-type. « Pour Accor, par exemple, nous en avons 29 », ajoute Valentin Lamielle.
Le modèle économique repose sur un abonnement mensuel de 6 € hors taxe par salarié. L’innovation réside dans le concept mais pas encore dans la technologie, même si la difficulté majeure de la start-up, au démarrage, a été de trouver les bons profils techniques.
Les contrats sont nombreux avec les franchisés Accor et le seuil de 150 bientôt atteint sera l’occasion d’un petit bilan pour assurer la bonne qualité du service avant d’ajouter d’autres briques technologiques qui feront intervenir, cette fois, de l’intelligence artificielle : des plannings automatisés, des solutions de logement et de transport, l’archivage de données…
Lamster compte aujourd’hui huit salariés et trois embauches sont prévues à court terme pour sécuriser les contrats en cours et assurer ces développements. Un contrat vient aussi d’être signé avec un hôtel 5 étoiles de Cognac qui emploie 170 salariés, mais dont le nom n’a pas été révélé.
Et la solution pourrait aussi, un jour, concerner d’autres secteurs d’activité. Dans sa ligne de mire : le nettoyage industriel, les fast-food, la grande distribution… Pour Lamster, l’aventure ne fait que commencer.
Qui est Valentin Lamielle ?
La difficulté, pour les hôtels et restaurants, de garder leurs compétences et de trouver rapidement des remplaçants, Valentin Lamielle, 23 ans, connaît ça. Depuis l’âge de 16 ans, pendant les vacances scolaires et alors qu’il était lycéen, il a travaillé dans un hôtel de Chamonix - où il venait régulièrement faire du ski, en famille -, à faire tous les métiers, des chambres à la plonge.
Plus tard, en DUT gestion des entreprises et administrations, à Besançon, il a travaillé à mi-temps au MacDo d’École-Valentin. Son DUT en poche, Valentin Lamielle a voulu tout de suite créer son entreprise et s’est rapproché de l’incubateur ; ses deux expériences dans l’hôtellerie-restauration l’avaient convaincu que la problématique de gestion du personnel méritait que l’on s’y penche.
Et c’est ainsi qu’était née Lamster, en mars 2017, où son frère Romain, 19 ans, l’a rejoint depuis septembre pour assurer la partie commerciale dans le cadre d’une formation Imea (l’école de commerce de Besançon), en alternance, de « gestionnaire d’unité commerciale ».