AUTOMOBILE/DOUBS. Le groupe franc-comtois, qui a passé la barre des 200 millions d’€ de chiffre d’affaires et continue à se développer dans le monde, notamment en Asie, investit aussi dans son berceau historique du Doubs.
En 2018, l’équipementier automobile injectera 8 millions d’€ dans son centre mondial d’expertise technique du tube à Anteuil. Delfingen a aussi créé une académie pour former ses collaborateurs et lance un site de vente en ligne de ses produits pour garagistes et passionnés de voitures.

Directeur général de Delfingen depuis 2015, Gérald Streit a l’humour et l’énergie nécessaires à la fonction. Et aussi la passion de l’automobile. Une bonne chose pour le dirigeant de ce groupe spécialisé dans les protections de câblages électriques et tubes techniques, qui travaille à 80% pour ce secteur d’activité et compte, parmi ses clients, tous les fournisseurs mondiaux de câblage.
Le groupe lancé à Anteuil (Doubs) il y a 64 ans par son grand-père, Emile Streit, pour procurer du travail à sa sœur handicapée, puis développé par son père, Bernard Streit vient de passer la barre des 200 millions d’€ de chiffre d’affaires et se développe fortement en Asie. Ce marché automobile qui pèse le tiers du marché mondial, et où Delfingen compte désormais six sites de production, quatre bureaux technico-commerciaux et 600 personnes.
L’entreprise franc-comtoise s’est implantée sur le continent asiatique dès 2000, d’abord aux Philippines, pour suivre un client américain. Puis le marché s’est développé dans d’autres zones comme la Chine ou l’Inde, et Delfingen a dû accélérer pour participer au festin.
En 2013, l'équipementier automobile ne réalisait que 10% de son chiffre sur ce continent qui concentrait pourtant déjà la moitié de la production automobile mondiale. Aujourd’hui, grâce à sa présence renforcée sur trois zones (l’Inde, la Chine, et l’Asie du sud-est), il commence à rattraper son retard et l’Asie représente 13% de son activité.
Gérald Streit s’envole régulièrement pour l’un ou l’autre de ces lointains pays, et notamment en Chine, marché complexe avec des constructeurs locaux de plus en plus nombreux. « Il faut comprendre que le secteur automobile local est en pleine mutation, notamment suite à la Cop 21, avec des normes anti-pollution renforcées et la montée en puissance des véhicules électriques », raconte le directeur général.
Une centaine de personnes à terme au centre d’expertise technique du tube

A Anteuil, village situé entre Besançon et le Pays de Montbéliard, site historique, l’effectif continue à grimper lui aussi et atteint 240 personnes, sur 2.000 au total dans le monde. Le centre d’expertise technique du tube qui emploiera, à terme, une centaine de personnes, est bien avancé. « Le budget R&D a été multiplié par deux depuis 2015, et nous avons prévu 6 millions d’€ d’investissement pour 2018, auxquels s’ajouteront 2 millions de matériel », poursuit Gérald Streit.
Le tube est un produit relativement récent chez Delfingen, mais en forte croissance. Produit par extrusion, il permet le transport de fluides dans le véhicule pour le carburant, principalement. Installé dans un bâtiment hier dédié à la production, ce centre d’expertise emploie déjà 70 personnes devrait être totalement opérationnel à l’issue d’un plan de déploiement sur trois ans.
Les recrutements se poursuivent, facilités par la mise en place, il y a un an, d’une “Académie Delfingen”, qui attribue un parrain à chaque nouvel arrivant. En 2017, 25 personnes ont rejoint l’équipe, et 15 nouvelles embauches sont prévues en 2018. Trois docteurs en matériaux sont déjà opérationnels, et des partenariats avec universités et écoles ont été noués.
Le projet le plus immédiat, qui verra le jour le 14 février pour la Saint-Valentin – « une coïncidence, mais finalement ça tombe bien », confie Gérald Streit –, est celui d’un site de vente en ligne pour les amoureux des voitures. L’idée lui en est venue au Sema Show de Las Vegas, où le dirigeant a découvert que les plus beaux véhicules, une fois le capot ouvert, présentaient… de bien moches faisceaux !
« C’est effectivement très difficile d’avoir accès aux produits, d’où ce site de vente en ligne, avec les produits que l’on vend aux constructeurs mondiaux et qui deviendront accessibles aux passionnés ». Le site s’appellera Protecable.com et occupe déjà une équipe de 4 personnes à Anteuil. « On a fait ça en mode start-up », confie encore le dirigeant. Un bon moyen de tester, à petite échelle, le canal du e-business. A suivre…

Pôle Véhicule du Futur : « Un € investi, trois € générés »
Ce jeudi 25 janvier, en fin d’après-midi, le Pôle Véhicule du Futur avait choisi Delfingen pour organiser l’une de ses rencontres-adhérents, à laquelle une cinquantaine de membres ont participé. L’occasion de découvrir, pour ceux qui ne la connaîtraient pas, ce dynamique sous-traitant de l’automobile, qui surfe sur la mondialisation en préservant et en affirmant ses valeurs.
Une visite du centre technique du tube et du show-room avait été organisée pour eux. L’occasion aussi de réseauter mais également, pour Denis Rezé, président du pôle, de rappeler quelques chiffres : Véhicule du Futur compte désormais 380 entreprises ou organismes adhérents, dont 52% de TPE ou PME, 24% d’ETI et 24% de groupes.
Côté innovation, 41 projets ont été labellisés en 2017, et 180 ont été financés depuis la naissance du pôle, dont 28 européens. Un très bon score qui s’explique par la proximité des frontières suisse et allemande. Denis Rezé a tenu également à rappeler l’effet levier des financements du pôle : « Pour un € investi, trois € générés en termes de chiffre d’affaires. Le pôle ne coûte pas cher, au contraire, il rapporte, c’est ce que je dis à nos financeurs. »
Photos fournies par l'entreprise.