TONNELLERIE/BOURGOGNE. Le premier fabricant mondial de tonneaux viticoles crée dans l’Ohio, aux Etats-unis, un site de production de fûts à Bourbon d’une capacité de 400 000 unités.
Il se positionne sur un produit en croissance de 3,8% par an qui s’exporte aujourd’hui dans le monde entier.
Cette stratégie de diversification, déjà payante avec le whisky, lui permet de dépasser pour la première fois les 200 millions d’€ de chiffre d’affaires.
Après les produits de boisage pour le vin et le whisky, TFF Group engage une troisième grosse diversification. Le premier tonnelier mondial, coté à la bourse de Paris (*), investit 32 millions d’€ dans une unité de production de fûts à Bourbon dans la ville américaine de Jackson (Ohio), non loin de l’État du Kentucky, berceau de cet alcool fait à partir d’au moins 51 % de maïs.
Baptisée Speyside Bourbon Cooperage et d'’une superficie de 20 000 m2, elle sera opérationnelle en mai 2016, emploiera jusqu’à 50 personnes et offrira une capacité de 400 000 unités. « Nous prévoyons au départ avec 35 salariés de fabriquer 130 000 fûts, générant 17 millions d’€ d’activité, et de progressivement monter nos volumes », indique Jérôme François, président du directoire de TFF Group.
Car ce nouveau développement dans les alcools, suite à l’acquisition depuis 2008 de quatre tonnelleries écossaises dédiées au Scotch Whisky, découle d’un marché d’environ 3 milliards de $ en nette croissance depuis cinq ans. « Il progresse de 3,8% chaque année, avec une forte croissance à l’exportation, et les producteurs locaux prévoient d’investir près de 650 millions de $ jusqu’en 2018 pour renforcer leurs capacités », précise le dirigeant.

En outre, les normes techniques imposées pour le Bourbon, avec des fûts neufs en chêne blanc américain et un minimum de deux ans d’élevage, se rapprochent de celles du vin que maîtrise parfaitement l’entreprise de Saint-Romain (Côte-d’Or).
Des résultats exceptionnels
Cette annonce coïncide avec la publication, hier 6 juillet, des résultats de l’exercice clos au 30 avril exceptionnellement bons. Le tonnelier affiche un chiffre d’affaires de 204,3 millions d’€ en hausse de 20,4%. Son résultat opérationnel de 45 millions progresse de près de 30% et les bénéfices flambent de 44,3%, à 34,8 millions.

« Les taux de change nous ont été toutefois très favorables et bonifient notre chiffre d’affaires de 8,6 millions », tempère Jérôme François. A cela s’ajoute, une demande très forte pour les fûts à alcool qui font mécaniquement monter les prix.
Une situation qu’illustre la division Scotch Whisky du groupe bourguignon. L’activité atteint 74,1 millions d’€ (+39,4%), alors que les ventes ont baissé de 7% en raison notamment du boycott de la Russie et des lois anti-corruption chinoise.
La vraie bonne nouvelle vient du pôle vin qui réalise 130,2 millions d’€ de chiffre d’affaires, en hausse de 11,6%. « Après des années d’aléas climatiques : sécheresse, incendies, gel, grêle…, nous retrouvons enfin une récolte mondiale quasi-normale », souligne Jérôme François.
En France, ses ventes progressent de 30% et en Espagne, qui sort de l’une des plus fortes crises économiques qu’a connu le pays, de plus de 40%. Une embellie viticole que le dirigeant prend néanmoins avec prudence, conscient que sa stratégie payante de diversification devra à terme le conduire à investir dans d’autres alcools.
(*) La valorisation du tonnelier atteint aujourd’hui les 450 millions d’€.
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