
TOURISME. Le premier opérateur indépendant de tourisme fluvial a revisité un vieux bateau ligérien - la toue cabanée - pour en faire un habitat de loisirs flottant.
Un village pilote vient d’ouvrir à Chassenard (Allier), juste sur l’autre rive de la Loire et face à Digoin, ville de Saône-et-Loire où est née la société Les Canalous.
Face au succès rencontré, Claude et Alfred Carignant proposent leur concept de tourisme insolite à la franchise.
Une dizaine de projets sont déjà en cours de discussion.
Cliquez sur les photos pour les agrandir.
On savait les Carignant pleins de ressources. Nous ne sommes donc pas surpris de leur dernière création flottante : un village de toues cabanées proposées à la location sur le plan d’eau de Chassenard (Allier), à deux brasses de leur base-mère de Digoin (Saône-et-Loire), où tout a commencé une certaine année 1981.
Pour bien comprendre le produit, rappelons déjà ce qu’est une toue, de surcroît cabanée.
« Ces bateaux à fond plat de moins de 15 mètres (*) avec mât, utilisés au 17ième siècle pour la pêche ou le transport de marchandises, descendaient la Loire en un voyage unique, car ils ne pouvaient la remonter faute d’un tirant d’eau suffisant. Ils étaient ensuite démontés et servaient de bois de chauffe ou de charpente. Certains étaient dotés d’un abri pour loger le pilote, d’où leur qualificatif de cabanée », explique Claude Carignant.
Passionné par tout ce qui peut flotter, le fondateur des Canalous (8 millions d’€ de chiffre d’affaires, 46 salariés et 100 personnes en saison), premier loueur indépendant de bateaux de plaisance, a l’idée de revisiter cette antiquité pour en faire un habitat de séjours flottants, à quai ou au mouillage (**).

Confort haut de gamme
« Nous pouvons aussi, suivant les désirs le décliner, en cabane de pêcheur et en bateau électrique pour la navigation », précise son fils Alfred Carignant.
Grâce à Construction Polyester du Centre (CPC), le chantier naval de Claude, la première toue est réalisée en six mois courant 2011.
Amélioré depuis, le bateau offre un logement de 25 m2, avec une terrasse pont de 10 m2, cinq couchages et tout le confort digne d’une suite junior d’un hôtel haut de gamme. On peut également y cuisiner grâce à une kitchenette très bien équipée.
L’opportunité d’acquérir le site de Chassenard (8 hectares, dont un plan d’eau de 3 hectares), classé Natura 2000, à quelques centaines de mètres du pont-canal de Digoin, permet de réaliser un village pilote de 12 toues cabanées, une dernière servant de spa.
L’espace terrestre alentour est agrémenté d’un restaurant, d’une ferme pédagogique, d’aires de jeux, de terrains de sport et de vélos à la location. Quelques roulottes complètent la disponibilité locative pour ceux qui n’ont pas le pied marin en eau douce.
« Outre notre propre exploitation, ce village nous permet d’expliquer à de futurs investisseurs exploitants tout l’intérêt de ce type de tourisme : hébergement insolite et détente au plus près de la nature », argumente Claude Carignant.

110 nuitées minimum par toue
Car la volonté des promoteurs est de franchiser leur concept partout en France, voire dans les pays européens limitrophes, auprès de collectivités locales, d’hôteliers de plein air et de particuliers qui possèdent un plan d’eau et souhaitent l’exploiter, surtout s’il est situé en zone non constructible.
Il leur en coûtera 550 000 € HT pour un ensemble de 10 bateaux aménagés clés en main. Mais le groupe Les Canalous les épaulera dans toutes les phases de faisabilité urbanistique, le montage des dossiers administratifs et en matière d’ingénierie financière.
Pour assurer une rentabilité correcte d’environ 6%, il faut un minimum de 110 nuitées par toue. « Une dizaine de projets sont d’ores et déjà en cours de discussion », se félicite Alfred Carignant.
« Nous sommes des adeptes du slow travel, fait d’itinérances douces où l’on peut aussi découvrir des régions par des itinéraires de randonnée, ce que les consommateurs demandent de plus en plus. Cela ne peut donc que marcher ! », surenchérit son paternel Claude.
(*) Les plus de 15 mètres s’appelaient des gabares.
(**) On s’y rend alors en barque.

Les Canalous, une success story familiale
Claude Carignant, fils d’ébéniste, se lance dans l’aventure de la plaisance en 1981.
Cela fonctionne si bien qu’il devient progressivement, avec France Passion Plaisance, le premier loueur indépendant de bateaux, fort de 450 unités, dont 250 en propre, réparties sur 20 bases de location en Europe et commercialisées par une agence de voyages (FPP Travel).
A côté, on trouve les sociétés Construction Polyester du Centre (CPC), un chantier naval qui conçoit et construit des bateaux, et Doux Voyages à la tête de huit établissements hôteliers, dont le village toue.
L’ensemble est chapeauté par la holding CLC Finance, plus connu sous le nom de Canalous Group et pèse 15 millions d’€ de chiffre d’affaires.
Crédit photos : Jean Noël Péché et Traces Ecrites.
Bonjour, Les toues cabanées sont raccordées à un poste de relevage central qui renvoie les eaux usées vers une station d'épuration située en dehors de la zone inondable.
Concept intéressant ! Petite curiosité: où sont éliminées les eaux usées? Je vous remercie pour votre réponse.
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