CÉRAMIQUE/BOURGOGNE. Le céramiste culinaire de Marcigny, en Saône-et-Loire, travaille la terre et maîtrise le feu depuis 165 ans.
Au point d’être devenu une marque de référence qui exporte 80% de sa production dans 65 pays.
Jean-Baptiste Henry, aux commandes depuis 2012, fait mieux que de perpétuer une tradition : il la renouvelle.

On ne badine pas avec la qualité chez Émile Henry, fabricant d’ustensiles de cuisine en céramique depuis 1850, implanté à Marcigny (Saône-et-Loire). A preuve, ses produits, tant pour la table que le four, offrent une garantie jusqu’à 10 ans.
Cet engagement ne doit rien au hasard, l’entreprise doublement labellisée, Patrimoine Vivant et Origine France Garantie, ne cesse d’améliorer la résistance au choc thermique et mécanique (ébréchage) de ses poteries culinaires qui se déclinent en sept gammes et 500 références.
« Notre laboratoire maison, qui intègre trois ingénieurs, travaillent sur la durabilité des matériaux, issus d’argile non traitée pour la pâte et d’oxydes minéraux pour les émaux », précise Jean-Baptiste Henry, sixième génération aux commandes.
Mais l’innovation se porte aussi ailleurs et tient à la recherche de nouvelles formes d’usage plus pratique comme adapté aux modes de cuisson des différentes cuisines du monde.
« Tout en soignant l’esthétisme », tient à souligner le dirigeant qui n’hésite jamais à prendre le crayon ou plutôt maintenant l’ordinateur et son logiciel de CAO. Car Émile Henry s’adresse au monde entier. Pas moins de 80% des 25 millions d’€ de chiffre d’affaires consolidé se font à l’étranger dans 65 pays.
Un métier de main d’œuvre qualifiée
Tajines, cloches à pain, cocottes, briques à rôtir, côtoient des bols à riz ou encore cet étonnant buger-party, avec sa partie basse réservée à la cuisson et une autre surélevée pour le montage. Innovation toujours, une gamme spéciale est compatible avec l’induction.
Il faut aussi visiter les vastes ateliers pour se rendre compte que l’un des plus vieux métiers du monde (29 000 ans avant J-C) sait utiliser des technologies de pointe.
Un nouveau four au gaz vient d’être installé pour un investissement de 800 000 €. « Nous avons grâce à notre maîtrise du feu l’un des plus faibles temps de cuisson au monde : un peu moins de 3 heures », assure Jean-Baptiste Henry.
Reste que tous les équipements ne font pas de belles et bonnes céramiques. Le fabricant emploie 200 personnes, dont 140 à la fabrication pour un volume de 3,5 millions de pièces à l’année. Une main d’œuvre qualifiée est requise et, faute d’école, la formation interne dure jusqu’à une année.
Ce savoir-faire explique le succès des ventes. La commercialisation en France passe par les grands magasins, de petites chaînes spécialisées et même deux boutiques en propre. A l’étranger, deux filiales officient au Royaume-Uni et aux États-Unis et le reste de l’export est confié à des distributeurs.
« Nous vendons aussi des produits complémentaires aux nôtres, via une société dédiée », indique le céramiste non sans rajouter qu’ils sont aussi de qualité.
Qui est Jean-Baptiste Henry ?
Un jeune entrepreneur de 36 ans, fin cuisinier, on s'en serait douté, et ingénieur diplômé de Centrale Paris et qui ne se destinait pas forcément à reprendre l’entreprise familiale. Jean-Baptiste Henry rejoint déjà le groupe Bouygues à Toulouse à la direction de chantiers.
Il y reste trois années puis intègre le bureau d’études infrastructures SETEC à Marseille pour s’occuper de maîtrise d’œuvre, de conception et d’appels d’offres durant deux ans.
« Mon père Jacques me sollicite alors pour préparer sa succession. J’ai 29 ans et je pars m’installer en Italie pour développer ce marché. »
De retour à Marcigny, le futur dirigeant s’occupe une année et demie de la production et succède définitivement mi-2012 à son père qui, depuis, lui laisse une totale et entière indépendance de management.
Crédits photos : Émile Henry