La récente filiale du groupe de BTP de Meursault déploie avec les collectivités locales, à Dijon, Auxerre et Chaumont, des projets de mobilité utilisant l’hydrogène. A Belfort, Rougeot Énergie accompagne la filière industrielle. Son ambition, être un intégrateur dans le secteur des énergies renouvelables, de l’ingénierie à la réalisation.

Des onze dossiers retenus le 3 mai dernier par le ministère de l’Environnement, issus de l’appel à projets de l’Ademe baptisé « Écosystèmes de mobilité hydrogène », trois seront réalisés avec ou par Rougeot Énergie. Le plus important et représentatif de ce métier émergent que développe la nouvelle filiale du groupe de BTP Rougeot Meursault, en Côte-d’Or, se situe à Dijon. L’entreprise porte avec Dijon Métropole un projet de station de compression d’hydrogène qui servira à faire rouler les camions benne à ordures ménagères.

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L'usine d'incinération des ordures ménagères de l'agglomération de Dijon produit déjà de l'électricité vendue au réseau EDF. En 2021, elle sera utilisée pour recharger les piles à combustibles des camions bennes de collecte des déchets ménagers. © Traces Écrites.

Pour le concrétiser, Rougeot Énergie créée avec Dijon Métropole une SAS au capital de 100.000 € dont elle est actionnaire majoritaire, à hauteur de 70%. Un statut original, peu utilisé, institué par la  loi du 17 août 2015 sur la transition énergétique pour la croissance verte, qui permet aux collectivités locales de rentrer de façon minoritaire dans le  capital de sociétés qui produisent des énergies renouvelables. « Une société privée fait gagner un temps fou », explique Christophe Rougeot, le président.  « La collectivité a vocation à revendre ses parts, une fois le projet amorcé », précise Jean-Patrick Masson, vice-président chargé de l'environnement à Dijon Métropole.
Rougeot Énergie investit dans la station de compression qui permet de produire de l’hydrogène : un investissement de 4,5 millions d’€. La collectivité acquiert de nouveaux véhicules équipés de piles à combustible : 5 à 8 camions pour commencer sur un parc de 32. La date de 2021 est avancée pour la circulation des premiers véhicules.

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La seconde originalité du projet dijonnais porte sur l’énergie utilisée pour faire de l’hydrogène. Elle émanera de l’électricité  – aujourd’hui revendue au réseau EDF –, que produit l’usine d’incinération des ordures ménagères (l’équivalent de la consommation de 25.000 habitants), à côté de laquelle sera construite la station de compression, dans le quartier Valmy.
Dans un second temps, s’ajoutera la production d'électricité d’un parc photovoltaïque (44.000 panneaux) à construire sur le site de l’ancienne décharge des ordures ménagères de l’agglomération de Dijon.  « Le retour sur investissement de l’ensemble du projet est évalué à 14 années, précise Jean-Patrick Masson, compte tenu d’un surcoût des véhicules à hydrogène par rapport au diesel, de 246.000 € l'unité à ce jour, mais il est voué à baisser, et c’est le prix de la non émission de gaz à effet de serre. »

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La Région Bourgognge-Franche-Comté voudrait faire circuler un train à hydrogène sur la ligne Auxerre-Migennes (Yonne), qui n'est pas électrifiée. Ici, un train à hydrogène en Basse-Saxe, fabriqué par Alstom.© Afhipac

Moins fortement impliqué que dans les précédents projets, Rougeot Énergie travaille sur deux autres que l’Ademe a retenu en Bourgogne-Franche-Comté. Sa société sœur, Justy, que dirige Emmanuel Schuddinck, l’ancien directeur du Cluster éolien Wind For Future, accompagne le projet AUXR_H2 de bus à hydrogène de la communauté d’agglomération de l’Auxerrois qui souhaite acquérir pour commencer 5 bus à pile à combustible.
La station de compression et de distribution sur la friche des anciens entrepôts de Shell, dans les quartiers périphériques au nord-est d’Auxerre, dont les études préalables ont été réalisées par Justy, pourrait avoir vocation à alimenter également le TER à hydrogène que le Conseil régional souhaite faire rouler sur la ligne ferroviaire entre Auxerre et Laroche-Migennes. 
L’Agglomération de Chaumont, en Haute-Marne, (projet HYDREOL) initie elle aussi une production locale d’hydrogène avec un réseau de quatre stations, destinés aux minibus, camions poubelle et utilitaires légers.

Les flottes captives pour amorcer ce nouveau carburant

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L'équipe de Rougeot Énergie. De droite à gauche, Christophe Rougeot, président, Emmanuel Schuddinck, gérant de Justy, Michel Romand, directeur du développement et Marion Savoy, directrice de communication. © Traces Écrites.
C’est par les flottes captives, des collectivités ou des entreprises, que l’hydrogène peut amorcer son développement, est persuadé Christophe Rougeot, le président de Rougeot Énergie. C’est la raison pour laquelle l’entreprise déploie des projets à la fois avec les collectivités locales et pour une filière industrielle émergente. Et se structure pour mobiliser des compétences, de l’ingénierie à la réalisation, « mais pas l’exploitation. »
Justy, société d’ingénierie est née en juillet 2017 avec pour actionnaire principal (54%), Rougeot Énergie, filiale du groupe de BTP (chiffre d’affaires de 85 millions d'€). Emmanuel Shuddinck, actionnaire, dirige cette entreprise d’une quinzaine de personnes qui développe trois activités : de l’ingénierie dans les domaines de l’hydrogène, du solaire, de l’hydroélectricité avec une équipe de 7 ingénieurs, un centre de formation qui délivre les habilitations pour le montage d’éoliennes et à terme, pour l’hydrogène, enfin un service de maintenance des mâts d’éoliennes.
Basée à Dijon, Justy a installé un bureau à Toul (Meurthe-et-Moselle) en 2018.  Rougeot Énergie, filiale à 100%, du groupe de BTP, implantée à Meursault, a également une antenne au centre d’affaires La Jonxion, en gare TGV de Belfort-Montbéliard. Michel Romand, directeur du développement y officie.

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Moins avancé, un autre projet porté par le Grand Belfort et Pays de Montbéliard Agglomération a l’ambition de faire rouler un bus à pile à combustible sur le territoire de l’aire urbaine desservant notamment la gare TGV. Mais dans le nord Franche-Comté, c’est surtout une filière industrielle que Rougeot Énergie voudrait contribuer à bâtir.
Avec les collectivités locales, l’entreprise se porte candidate à un autre appel à projets de l’État et de l’Ademe, clos le 18 juin prochain. Il porte sur la « production et fourniture d’hydrogène décarboné pour des consommateurs industriels », et sera cofinancé dans le cadre des « Démonstrateurs et territoires d’innovation de grande ambition » du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA).

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La filière hydrogène en Bourgogne-Franche-comté s'est développée notamment avec Mahytec à Dole qui fabrique des réservoirs. Les trois des fondateurs : Dominique Perreux, Pascal Robinet, Frédéric Thiébaud. © Traces Ecrites.

Initialement localisé à Dole, sous un autre nom, un centre national de tests pour les réservoirs à hydrogène (baptisé ISTHY) pourrait voir le jour. « Comme tout réservoir à carburant, le stockage de l’hydrogène doit être certifié ; il n’existe à ce jour que quelques organismes capables de le faire dans le monde », décrit Michel Romand, directeur du développement chez Rougeot Énergie.
Ce projet de 5,5 millions d’€ en équipements de tests de réservoirs viendrait compléter dans le Nord Franche-Comté, l’offre existante en matière de tests et essais sur les piles à combustible déjà déployée au FCLab de l’UTBM (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard) et renforcée prochainement avec le banc de tests HYBAN pour les piles à combustible de forte puissance (destinées aux véhicules lourds) que cofinancent la Région, Le Grand Belfort et l’UTBM. Une réponse à l'appel à projets du Programme d'Investissements d'Avenir (PIA) est attendue pour septembre 2019.

 

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