EDITION/DOUBS. Les événéments en Corée du Nord jettent un trouble sur les prochains Jeux Olympiques d'hiver qui se dérouleront début 2018 à PyeongChang en Corée du Sud.

Sportif de haut niveau, le bisontin Eric Monnin, docteur en sociologie et maître de conférence à l’Université de Franche-Comté, est devenu l’un des grands spécialistes des JO. Il vient de publier "Un siècle d'Olympisme en hiver"*. Rencontre.

 

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• Pourquoi cette passion pour les JO d’hiver, vous qui étiez judoka ?

 

Lorsque Pierre de Coubertin a créé le CIO (Comité Olympique), le 23 juin 1894, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, il fonde en même temps le programme des Jeux. Ce qui est incroyable, c’est qu’il y voit de l’alpinisme, du patinage de vitesse… des pratiques d’hiver. C’est ce qui m’a interpellé. Jusqu’en 1920, les villes organisent les deux, Jeux d’été et Jeux d’hiver. Mais en 1896, à Athènes, ce fut impossible, il faisait trop chaud en Grèce et il n’y a pas eu de Jeux d’hiver.
Ma passion de l’olympisme m’était venue sur le site d’Olympie, en colonie de vacances, quand j’étais étudiant. Le site est extraordinaire et j’imaginais très bien les athlètes. Aujourd’hui, je travaille beaucoup avec mes étudiants sur cette idée « d’un esprit sain dans un corps sain », c’est le vecteur éducatif des JO pour promouvoir l’éducation parfaite de l’homme.

 

• Pour vous, quelles sont les évolutions majeures des JO d’hiver ?

 

L’évolution majeure est qu’aujourd’hui on essaie d’aller vers la parité hommes-femmes. L’hiver, on y arrive davantage que pour les Jeux d’été. En termes d’activités, de disciplines, il y a parité totale.
Les femmes sont demandeuses et, dans le cheminement des compétitions internationales, elles ont acquis un niveau permettant de leur faire une place aux JO. Le saut à ski leur est ouvert depuis ceux de Sotchi (Russie) et désormais, pour toutes les nouvelles pratiques ou toute modification de pratique, la parité est nécessaire.

 

Ecole des vins

 

• Quels moments ont marqué l’histoire des Jeux d’hiver, selon vous ?

 

Entre les deux guerres et jusqu’aux Jeux de 1936, chaque pays organisateur a la possibilité d’organiser les jeux d’été et d’hiver. Ainsi, en 1924, il y a Paris et Chamonix, en 1932 Los Angeles et Lake Placid, en 1936 Berlin et Garmisch Parkenkirchen. En 1928, Amsterdam, qui ne disposait pas de montagnes à proximité, n’avait organisé que les Jeux d’été, ceux d’hiver avaient eu lieu à Saint-Moritz, en Suisse.
La deuxième chose qui me semble marquante, c’est la stratégie que Pierre de Coubertin a dû déployer pour faire admettre les Jeux d’hiver face aux jeux du Nord, que les pays nordiques organisaient entre eux.
Les Jeux de Grenoble, en 1968, furent un moment important aussi. On était en pleine Guerre Froide et la France devait montrer sa puissance. Autre fait marquant, pour nous, en Franche-Comté : les exploits de Sylvain Guillaume et Fabrice Guy en 1992.

 

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Eric Monnin lors de sa visite en Corée du Sud, en avril 2017, sur le site du saut à ski d’Alpensia à PyeongChang.

 

• Comment se présentent les prochains JO d’hiver, à PyeongChang, qui se déroulent en Corée du Sud ?

 

Le site est à 40 ou 50 kilomètres de la Corée du Nord, il y a donc toujours une incertitude, mais je pense qu’il est important d’y aller. Je suis persuadé que tout va bien se passer. J’y suis allé en avril, tout est prêt, d’un modernisme incroyable et avec des facilités d’accès. L’état d’esprit des Coréens est d’accueillir le monde entier le plus correctement possible.


Traces Ecrites News parle généralement d’économie et de vie des PME. Quels liens voyez-vous entre les Jeux et le monde économique ?

 

En Corée, où j’ai été reçu par l’ambassadeur de France, on pense que ces Jeux sont l’occasion de tisser des liens et de développer la francophonie. Il y a là-bas Samsung, LG, Hyundai… qui sont des leaders mondiaux. Nous sommes en Asie et ça peut être un appel d’air pour la France. Beaucoup de régions de France développent des liens avec les grands leaders.
Et puis il y aura Paris en 2024. Ce seront les premiers Jeux organisés sous l’agenda olympique 2020, avec l’obligation de laisser un héritage pour la jeunesse, des structures qui resteront. Nous allons vers une “écologisation” des pratiques. Le Centre de droit et d’économie du sport de Limoges, qui avait réalisé une estimation très crédible des retombées économiques de l’Euro 2016, a évalué celles de Paris 2024 à 10,7 milliards d’€ et à 250.000 emplois créés.

 

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(*) « De Chamonix à PyeongChang - Un siècle d'olympisme en hiver », d’Eric Monnin, préfacé par Thomas Bach, président du Comité International Olympique et par Jacques Rogge, président d’honneur du CIO. Editions Désiris, 240 pages illustrées, 25 €.

 

 

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Le stade olympique de PyeongChang, d'une capacité de 35.000 places.

 

Le coût des Jeux


Sotchi 2014 : 36 milliards d’€
dont 1,4 milliard consacrés à la sécurité
Londres 2012 (jeux d’été) : 11,6 milliards d’€
Vancouver 2010 : 5 milliards d’€
Pékin 2008 (jeux d’été) : 32 milliards d’€
Turin 2006 : 3,4 milliards d’euros
Salt Lake City 2002 : 2,28 milliards d’€
Albertville 1992 : 700 millions d’€

 

(Source : ouvrage d’Eric Monnin)

 

Evaluation du budget des prochains Jeux

 

PyeongChang 2018 : 6 milliards d'€

Paris 2024 : 6,8 milliards d'€

 

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