Les tuiles bleutées qui habillent les bâtiments qu’occuperont les services de l’Etat et du Conseil régional à la gare Viotte à Besançon, ont été fabriquées par Wienerberger, dans ses usines de Lantenne-Vertière, dans le Doubs et de Montigny, dans l’Yonne. Différents dosages de cobalt avec l’argile ont abouti à un nuancier quatre bleus.


Pour révéler ou rappeler son existence aux Bisontins dont elle n’est éloignée que d’une vingtaine de kilomètres, l’usine Wienerberger-Koramic de Lantenne-Vertière (Doubs) ne pouvait rêver publicité plus voyante. Aux usagers de la gare Viotte de Besançon, l’entreprise expose 120.000 de ses tuiles, en habillage des bâtiments du nouveau pôle tertiaire (complété de commerces et logements) qui s’est érigé pour accueillir, à partir de l’an prochain, différentes administrations de l’Etat et des services de la Région Bourgogne-Franche-Comté.
Sa production se cache d’autant moins qu’elle prend une teinte peu habituelle pour ce type de produit : du bleu, ou plutôt des tas de nuances bleutées, fruit d’échanges intenses entre l’architecte du pôle Viotte, Brigitte Métra, et les équipes de Lantenne-Vertière.

zoombleuAu total, ce sont 200.000 tuiles en terre cuite Wienerberger qui ont été posées à Viotte, par l’entreprise Pateu-Robert  : 80.000 (soit 1.000 m2) ont été confectionnées en version émaillée dans l’autre usine régionale du groupe autrichien, celle de Pontigny (Yonne) qui développe les gammes Aléonard connues pour leur application en rénovation de bâtiments historiques ; et donc 120.000 (5.000 m2)  fabriquées à Lantenne-Vertière, par le procédé d’engobage, qui consiste à modifier la couleur du support à base d’argile. 

« L’application de cobalt a donné les teintes bleues. Nous avons procédé à de multiples essais, sur des quantités de 50 ou 100 litres : plus ou moins satiné, plus ou moins clair, plus ou moins d’émaux, etc.. les dosages ont abouti à quatre variétés de teintes bleutées », décrit Jean-Loup Boulanger, ingénieur céramiste responsable qualité et développement des tuiles de Wienerberger France, qui est basé à Lantenne-Vertière où il est entré en 2006.  

Les tuiles du pôle Viotte sont issues de la gamme « Vauban ». Celle-ci n’a pas été inventée et nommée ainsi pour ce projet bisontin contrairement à ce qu’on imaginerait : elle fait partie du catalogue de l’usine depuis 1983. Le best-seller de Lantenne-Vertière, « Actua », remonte à 1997 mais la tuile dite « Standard » continue à trouver ses adeptes, alors que son développement remonte à 1940. C’est dire que l’usine puise dans des racines profondes. Elle fut créée en 1881 par Migeon, est devenue Koramic en 1998 puis Wienerberger en 2004 à l’occasion du rachat de la branche tuiles de ce groupe par le géant autrichien (3,5 milliards d’€ de chiffre d’affaires en 2019).

Mais son implantation sur place s’appuie sur un élément naturel encore plus ancien : la carrière d’argile. « La force du site, c’est l’adossement, au sens propre et figuré, à cette carrière de plus de 350 ans », confirme Arnaud Raulet, nouveau directeur depuis janvier 2020. La dernière autorisation d’extension obtenue permet au site d’atteindre le seuil de 30 ans de réserves qu’il se fixe.  

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Deux lignes fabriquent 30 millions de tuiles par an

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Les tuiles fabriquées sur deux lignes de production sont le résultat du mélange de deux argiles, jaune et noir.

L’argile extraite sur place présente la particularité de combiner une version jaune et une autre noire. Leur mélange forme le début du process qui se conclut dans deux lignes de production de tuiles. Installées à la fin des années 1990 et en 2006, elles déploient une capacité de 30 millions d’unités par an.
Une troisième ligne est dédiée aux accessoires de tuiles (faîtières, rabats….) à raison d’une capacité annuelle de 2 millions d’unités. L’usine bénéficie d’1 à 2 millions d’€ d’investissements annuels pour l’amélioration des outils.  La construction d’une nouvelle ligne en remplacement de l’une des deux n’est pas à l’ordre du jour, les équipements étant jugés bien efficients.

L’usine de Lantenne-Vertière compte 120 salariés permanents. Sa production s’écoule surtout dans le quart Nord-Est de la France, en synergie avec l’usine homologue de Seltz (Bas-Rhin), principalement pour la construction neuve en général et celle de maisons individuelles en particulier.  

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L'usine de Lantenne-Vertière est adoséée à une carrière d'argile de plus de 350 ans.


 

Deux laboratoires à Lantenne-Vertière

Une ancienne ligne sert de support aux deux laboratoires de Lantenne-Vertière, dont les effectifs totaux s’élèvent à 158 permanents (hors intérimaires et apprentis), techniciens et ingénieurs, et fonctions supports.

Le premier laboratoire est directement relié à l’activité de l’usine. Il se consacre à l’analyse de la qualité des produits et de la matière première, au développement de nouvelles versions ou à des adaptations spécifiques comme pour le projet Viotte. « Nous parvenons ainsi à un taux de réclamation minimal, inférieur à 0,5 %, ceci dans un contexte d’exigences croissantes des clients. Ces résultats consolident la très bonne réputation de savoir-faire du site », souligne Arnaud Raulet.

Le second laboratoire est appelé « central » : dédié à la fois aux tuiles et aux briques – l’autre pilier de Wienerberger –, il travaille davantage sur l’amont, en R&D, pour le compte des huit usines du groupe autrichien en France, en interaction avec ses homologues en Autriche, Allemagne et au Bénélux. De plus, il s’appuie sur les collaborations avec des organismes techniques comme le CTMNC (Centre Technique de Matériaux Naturels de Construction), l’école d’ingénieurs de la céramique ENSCI de Limoges (Haute-Vienne) et les universités de  Bourgogne et Franche-Comté. Les sept ingénieurs, techniciens et thésards qui le composent « pratiquent quelque 400 essais de composition par an et procèdent à plus de 7.000 analyses, en physico-chimie ou encore en thermogravimétrie », détaille Jean-Loup Boulanger.

Cette unité de R&D était basée à Franois, en périphérie de Besançon. Pour des raisons évidentes de synergie, elle a été transférée cette année à Lantenne-Vertière, site d’application en partie de ses recherches, et de surcroît proche géographiquement de Franois. 

 

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Un nouveau patron France

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Frédéric Didier, ancien directeur général adjoint France prend la succession de Francis Larger.


Wienerberger France a dû déplorer, le 30 août dernier, le décès à 52 ans de Francis Larger, son charismatique président. L’ingénieur de l’Ecole des Mines de Nancy avait orchestré depuis douze ans le développement et la réorganisation du groupe autrichien dans l’Hexagone, à l’occasion de ses croissances externes et de ses nombreux investissements industriels, successivement comme directeur général adjoint, directeur général et président à partir de 2016.

Pour prendre sa suite, Wienerberger a choisi la continuité. C’est le directeur général adjoint France, Frédéric Didier, qui devient le numéro un dans l’Hexagone, en qualité de directeur général. Agé de 43 ans, il a rejoint le producteur de tuiles et briques en 2016, venant du monde des cimentiers de par ses postes de responsabilité chez Ciments d’Origny, puis Holcim, puis Eqiom.  

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Arnaud Raulet, directeur depuis le début de l'année de l’usine de Lantenne-Vertière (à gauche) et Jean-Loup Boulanger, l’homme de la recherche. © Traces Ecrites



(*) Le chantier des bâtiments administratifs piloté par Sedia sera livré en 2021, en deux temps, au printemps puis à l’automne.

Photos fournies par l'entreprise sauf indication contraire.

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