Christine Jeanney est en train de transmettre l’entreprise à son fils Julien Marcelli. Pour réussir ce passage de flambeau, le fabricant de lignes de production industrielles a absorbé sa filiale et s’est réorganisé en deux unités distinctes. Dimeco vient d’enregistrer une commande de 10 millions d’€ pour l’allemand Rittal.
Dimeco, c’est une belle histoire de famille. Georges Jeanney avait fondé, en 1957, cette société de conception et de fabrication de machines-outils baptisée Dimeco Alipresse où sa fille, Christine Jeanney, travaille depuis l’âge de dix-huit ans. C’est elle qui la pilote depuis 2014, mais elle s’apprête à son tour à la transmettre à son fils, Julien Marcelli, en 2020. Une transmission tranquille et joliment orchestrée.
La première étape du passage de flambeau date de début 2017 : l’entreprise bisontine avait alors absorbé Rotobloc-PSP, sa filiale spécialisée dans les accessoires de changement rapide d’outils et de bobines pour presses, qui était fournisseur de Dimeco Alipresse mais avait aussi ses propres clients. « Il s’agissait d’une vraie fusion, mais d’une fusion absorption en douceur. Il y avait une logique : mon fils dirigeait déjà la filiale et nous en avions auparavant discuté avec les salariés », explique Christine Jeanney, vice-présidente de Dimeco, le nom pris par le nouvel ensemble installé à Pirey, dans le Grand Besançon.
C’est une seule entreprise, désormais, filiale du holding Dimeco Group qui compte une autre filiale de fabrication en Espagne. A Pirey, Dimeco emploie 118 salariés, « dont 13 apprentis », tient à préciser Christine Jeanney. La filiale espagnole, elle, compte 45 personnes. Le chiffre d’affaires total, en 2018, atteint 31 millions d’€, dont 21 réalisés par l’usine bisontine et 80% à l’export. « Les chiffres sont en hausse depuis quelques années, mais c’est très irrégulier. En 2017, par exemple, Dimeco Espagne est passé de 5 à 10 millions d’€ de chiffre d’affaires, et absorber cette hausse fut compliqué. »
Une commande à 10 millions d’€

C’est ainsi que, depuis 2017, mère et fils partagent le pilotage de Dimeco. Elle comme vice-présidente, lui comme président, secondé par Olivier Punkow, directeur général. Lancée en 2013 et boostée par Christine Jeanney qui avait trouvé là un bon moyen de détecter toutes les problématiques et de se rapprocher des salariés, une démarche BPHI (bonnes pratiques humaines et industrielles), appuyée par le pôle Véhicule du Futur, avait permis de remettre à plat l’organisation de l’usine de Pirey.
L’aboutissement, en 2018, donne naissance à deux « business units » : l’une dédiée à l’environnement de presse (racks de stockage, dévidoirs, redresseurs, amenage, chariots de manutention, etc.), qui intègre l’activité de l’ex-filiale Rotobloc-PSP, pour du matériel plutôt standard ; l’autre, Flexilines, spécialisée dans les lignes flexibles de production. « Tout a été scindé : le bureau d’études, les achats, les ateliers… C’était aussi un moyen de lutter contre la rivalité des services et d’améliorer l’esprit de groupe », estime Christine Jeanney. La première activité représente environ 300 commandes par an, la seconde 5 à 10 par an, avec une gestion en mode projets et des délais plus importants. « Nous avons besoin des deux. Sans Flexiline, Dimeco ne fonctionnerait pas », ajoute la dirigeante.
Les clients sont des fabricants de matériel pour hôpitaux comme l’allemand Ophardt, de pentures (ferrures) de fenêtres comme l’allemand Roto, de glissières de tiroirs comme l’autrichien Julius Blum. Les machines de Dimeco, qui se targue d’offrir la plus grande gamme mondiale d’équipements pour la production flexible à partir de tôles en bobine, intéressent les industriels de l’équipement électrique, du stockage, du bâtiment, des pièces automobiles ou de l’électroménager.
Ce qui l’occupe en ce début 2019, maintenant que la nouvelle organisation est en place, c’est une grosse commande pour l’allemand Rittal, numéro 1 européen des armoires électriques pour l’industrie. Une commande à 10 millions d‘€ pour cinq machines complexes de découpe laser, dont l’une sera conçue par la filiale espagnole.


À 61 ans, Christine Jeanney pense désormais à lever le pied. Elle a laissé la présidence à son fils Julien il y a un an et envisage de partir en 2020. Julien Marcelli, 35 ans, est titulaire d’un DUT génie mécanique et d’un diplôme d’ingénieur par alternance en gestion de production. Il est membre du CJD.