A la tête du cabinet AREAD, implanté à Strasbourg, Frédéric Rey épaule les entreprises pour obtenir des financements publics. Il prévient que ce n’est pas toujours simple, chronophage et souvent source de désillusion, faute d’un projet bien bordé, d’un dossier bien ficelé, déposé dans les temps et auprès des bons interlocuteurs. Explication.
• Pourquoi de nombreux de chefs d’entreprises, qui ne courent pas après la subvention pour la subvention, se plaignent-ils des difficultés à obtenir, en règle générale, un financement public ?
Tout simplement parce que ce n’est pas évident. Il faut déjà bien identifier l’aide possible en fonction de son projet (*) et s’assurer que l’on peut être éligible. À ce stade, beaucoup croient en des merveilles car même si leur projet est bon, il peut être mal défini, arriver au mauvais moment ou encore ne pas respecter un critère déterminant : l’incitativité de l’aide, en expliquant de manière argumentée la plus-value apportée par cette dernière. Le désenchantement est alors très grand.
• Ces mêmes dirigeants regrettent également le nombre considérable de documents à fournir et la perte de temps engendrée.
Il ne faut pas se leurrer, solliciter un financement public est chronophage. Savez-vous que 30% des dossiers adressés à l’Europe sont refusés car il manque juste un document. Obtenir une contribution financière des fonds structurels européens [ Fonds Feder, ndlr ] dans le cadre d’un appel à projets, c’est passer un véritable concours. Et si je continue avec cette image : en avoir une de Bpifrance, c’est être un bon élève qui réussit son bac.
• Parmi les derniers problèmes vécus, les trop longs délais de versement sont aussi copieusement évoqués.
Ce n’est pas parce que le dossier est accepté que tout est terminé pour autant. Il faut le suivre, l’argent ne tombe pas du ciel. Il est parfois versé sous forme d’acomptes et, dans ce cas, il faut justifier à chaque fois les dépenses engagées. Un exemple qui en dit long : 30% des sommes attribuées par l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) ne sont pas versées.
• La France est-elle une bonne élève pour accompagner ses entreprises en matière de financement public ?
Les appuis régionaux fonctionnent en général très bien auprès des PME. L’Etat, lui, joue principalement avec des incitations fiscales comme les crédits impôt recherche et crédits impôt innovation. Ce dernier est mal exploité par peur du redressement fiscal. En ce qui concerne les dispositifs européens, nous pourrions être plus présents. Il y a de l’argent disponible, il faut savoir le trouver…
• Quel est votre taux de réussite ?
Il atteint les 95% en aides nationales et régionales et oscille entre 30 et 60% pour celles attribuées par l’Union Européenne car elles découlent la plupart du temps d’appels à projets avec un jury qui décide de manière souveraine. Nous nous adressons principalement aux PME-PMI, aux start-up, et maintenant aussi au financement de projet collaboratif.
• A quoi correspondent vos émoluments ?
Nous nous rémunérons au résultat et prenons 15% du montant obtenu, en incluant la veille et la formation.
(*) Il existe environ 900 aides publiques.
Qui est Frédéric Rey ?

Ce sera déjà Unilever comme ingénieur de production chez Miko (crèmes glacées), direction ensuite Yves Saint Laurent Beauté que contrôlait à l’époque Sanofi Beauté, puis il intègre une filiale d’Adecco (travail temporaire) pour l’externalisation des ressources humaines.
« Cela a été mon premier travail de conseil », précise cet homme de 50 ans qui fonde en 2003 AREAD, en s’adossant déjà au cabinet bisontin 3E Services, spécialisé dans le même domaine. L’entreprise emploie aujourd’hui 8 personnes, avec un siège à Strasbourg et quatre agences en région. Constituée en SARL, AREAD revendique 750.000 € de chiffre d’affaires.