encherelargeVIN. Hier, les cours de la vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune ont flambé de 27% en moyenne.

Conjugué à des petites vendanges pour la 4ème année consécutive qui ont asséché les stocks dans les caves, le vin de Bourgogne va  augmenter dès 2014.

Bientôt, on n'en trouvera plus à moins de 10 €.

RÉSULTATS DÉFINITIFS : Avec 6,305 millions d'€ (frais Christies inclus, environ + 7%), la vente bat son record de 2012 (5,9 millions d'€) Les  333 pièces de vins rouges et les 110 pièces de blancs totalisent 6,168 millions d'€ (frais inclus). Pièce des Présidents : 131 000 € Cours : vins blancs  +20%, vins rouges +28%. Prix moyen d'une pièce : 13 013 €, +26.6% (10 278 € en 2012)

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Plus encore que les précédentes années, les négociants bourguignons, acheteurs de près des trois-quarts de la vente de charité des Hospices de Beaune, étaient pris entre deux feux.

La vente aux enchères étant avant tout une vente de charité, elle doit rapporter le plus possible à ses bénéficiaires : le centre hospitalier de Beaune, propriétaire du domaine de 60 ha composé à 85 % de premiers et grands crus, dont les deux tiers plantés en Pinot noir (rouges), la maison Christie's organisateur des enchères et, les associations de bienfaisance représentées par des personnalités le plus souvent du spectacle.

Pour cette 153ème édition, les invités d'honneur étaient les comédiens Clotilde Courau, princesse de Savoie et Jean-Pierre Castaldi, portes-parole des associations des Petits Princes (enfants malades) et des Papillons Blancs.

L'enthousiasme ne doit pas pour autant être trop fort. Cet événement médiatique et commercial, point d'orgue de trois jours de ripailles et de dégustations baptisées Les Trois Glorieuses, est considéré comme un baromètre du marché.

Autrement dit, la hausse des cours se répercute forcément sur les prix à la consommation. Alors il faut savoir tenir la barre pour éviter une inflation trop forte tout en faisant preuve de générosité, a rappelé Pierre-Henri Gagey, le président du bureau interprofessionnel du vin (BIVB), le matin même à la traditionnelle conférence de presse.

Cette année, le risque était encore plus grand. Car, comme dans tous les domaines de Bourgogne, la récolte des Hospices a été maigre. Seulement 443 pièces (1) ont été mises en vente, deux fois moins qu'en 2009, certes la plus généreuse de l'histoire des hospices, avec 799 pièces.

Ce qui devait arriver arriva... Avec un produit - uniquement pour les vins (2)- de 5,765 millions d’€, les cours ont flambé, en moyenne de 27% : 28,8 % pour les rouges qui constituent l'essentiel du vignoble des Hospices (50 ha) et 20,2 % pour les blancs (10 ha).

Résultat, malgré de moindres quantités, la vente rapporte plus que l'an dernier (5,214 millions d’€, cette fois alcools compris avec 518 pièces).

encherePas de bourgognes à moins de 10 euros

La palisse ne pourrait dire mieux : avec des petites vendanges pour la 4ème année consécutive qui ont asséché les stocks dans les caves, le vin de Bourgogne va inévitablement augmenter par le simple jeu de l'offre et de la demande. Dès 2014, selon Louis-Fabrice Latour, président du syndicat des négociants de Bourgogne.

Jusqu'à présent, pour limiter la hausse des prix, les négociants ont fait « un sacrifice sur leurs marges », affirme leur représentant. Les chiffres des ventes à la fin de septembre l'attestent : en valeur, elles progressent de 1%, alors qu'elles diminuent en volume de 4%.

Mais ça ne peut pas durer, alors que les coûts de production et de mise sur le marché, surtout à l'export augmentent. C'est le consommateur qui absorbera la hausse.

"Je pronostique la disparition des bourgognes à moins de 10 euros et à l'étranger, 10 dollars ", annonce Louis-Fabrice Latour. " Ce peut être l'occasion de faire redécouvrir les vins du beaujolais ", ajoute t-il, le vignoble voisin qui doit sortir son primeur ce jeudi.

Les négociants ne parlent pas encore de survie, contrairement aux viticulteurs.

La « plus petite vendange depuis 1988 » que Michel Baldassini, vice-président du BIVB évalue autour de 1,26 million d'hectolitres, coïncide avec des stocks « historiquement bas » qui devraient encore baisser de 10 à 15%.
« Certaines exploitations de la côte de Beaune, touchées cet été par des orages de grêle, n'ont rentré une demi récolte », rappelle Jean-Michel Aubinel, président de la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB).
Le Chablis et le Mâconnais deviennent aussi des produits rares.
Ajoutés aux maladies de la vigne qui ont gagné la Bourgogne cette année - notamment la flavescence dorée qui a entraîné l'arrachage de 12 ha principalement dans le sud de la Saône-et-Loire -, les accidents météorologiques mettent des exploitations réellement en difficulté.
« Nous étudions avec les banques des solutions pour soutenir la trésorerie de certaines exploitations, assure le président des viticulteurs. 

gdExplosion des compteurs

Toutefois, les ventes du vin de Bourgogne ne se sont jamais aussi bien portées, sur le marché français comme à l'exportation.

La plus forte hausse relève de la grande distribution.

Sur la dernière campagne, d’août 2012 à août 2013, elle a vendu en hyper et supermarchés 37 millions de bouteilles pour un chiffre d’affaires de 239 millions d’€.

« La diversité de notre offre, avec pas moins de 100 appellations, explique en grande partie ce phénomène », argumente Philippe Longepierre, directeur du pôle marchés et développement au Bureau Interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).

Sur les huit premiers mois de l’année, les résultats dépassent également toutes les prévisions à l’exportation, avec un chiffre d’affaires de 460 millions d’€.

Les Etats-Unis confortent leur rang de premier importateur et affichent une hausse en valeur de 11% des achats (103,5 millions d’€).

Les ventes progressent également en Belgique (+22%), en Suède (+23%) et en Chine (+7%).

Longtemps moteur en Asie, le hub de Hong-Kong (-6%) subit en revanche la concurrence de certains pays asiatiques.

Au Japon (-12%), la chute du cours du yen pénalise les bourgognes. Enfin, le Royaume-Uni (-5%) restreint de nouveau ses importations en raison d’un politique de bas prix.

Poussive, la vente de la pièce de charité

Sous le marteau des deux vedettes de la journée Clotilde Courau et Jean-Pierre Castaldi, la pièce de charité, un Meursault-Genevrières 1er cru mis à prix à 5000 €, n'a rapporté "que" 131 000 €.

Pour rappel, l'an dernier le Corton Grand Cru avait glané l'an dernier 270 000 €, il est vrai, sous les encouragements de Carli Bruni, un déplacement très médiatisé.

On a assisté hier à une enchère poussive, sans enthousiasme, qui a profité à une chef d'entreprise chinoise, Mme Yan Hong Cao, propriétaire de magasins, de plantations de thé et d'une mine de jade dans la province du Yunan, au sud-est de la Chine.

(1) Une pièce de vin égale 228 litres, soit environ 300 bouteilles.

( 2) La vente comprend également des pièces d'eau de vie.

Photos : Jean-Christophe Tardivon et Traces Ecrites.

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