Les deux dernières promotions ont obtenu leur diplôme en avril, tous de récents ou futurs dirigeants d'entreprise.
Les deux dernières promotions ont obtenu leur diplôme en avril, tous de récents ou futurs dirigeants d'entreprise.
Crédit : Serge Nied - Studio Chlorophylle

MANAGEMENT. Former des dirigeants d’entreprise à cette fonction pour laquelle ils n’ont pas été formatés, c’est la vocation de l’Ecole des Managers.

Tissé le plus souvent autour des CCI, ce réseau compte une trentaine d’implantations en France. Dont Auxerre, Dijon et Chalon-sur-Saône en Bourgogne, Vesoul en Franche-Comté.

Et Mulhouse en Alsace qui lancera en septembre sa dixième promotion.

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Les promotions alsaciennes 6 et 7 ont reçu leur diplôme en avril, et deux autres sont en cours. Elles réunissent à chaque fois une dizaine de stagiaires : des dirigeants fraîchement nommés, d’autres qui se préparent à la fonction longtemps à l’avance, d’autres qui l’endossent parce que les événements se précipitent.

Ils ont souvent en commun un cursus technique au rapport éloigné avec le management.  

« Tous sont déjà dans l’entreprise : ce sont à 80 % les héritiers des actuels dirigeants, ou des salariés choisis pour prendre la succession. L’Ecole des managers n’est pas faite pour les pros de la reprise externe », ajoute Yves Mentzer, directeur de l’Ecole des managers (EDM) mulhousienne, pilotée par la CCI Sud-Alsace-Mulhouse.

« Tout le cursus est tourné vers l’objectif d’aider chacun à habiter la fonction, sans perdre sa personnalité propre », poursuit-t-il. « Au final, nous contribuons au maintien des centres de décision à l’échelle locale. Cinq ans après la sortie de l’école, 95 % des entreprises sont toujours présentes », ajoute le responsable de la structure.

Dispensée par une quinzaine d’experts et consultants des différents sujets, la formation n’est pas de tout repos.

Il arrive plus d’une fois qu’un candidat jette l’éponge en cours de route. Sa durée de 57 jours se répartit sur un an et demi, en trois phases.

Savoir où on va

Première partie, la « formation aux outils du dirigeant » fait se succéder sur 27 jours les enseignements à la gestion financière et contrôle de gestion, au management, à la gestion du personnel ou encore aux questions juridiques.

Elle débute par un module « développement et pérennité » dont l’intitulé même suggère qu’on est pas dans la technique, mais sur un registre tout aussi important selon Yves Mentzner : la définition d’une stratégie, « le fait d’obliger à clarifier les objectifs et la manière de conduire le changement, en court : savoir vers où on va ».

Nicolas Lecourt a créé Arc-en-Ciel Application avec son père en 2003. Photo : Christian Robischon.
Nicolas Lecourt, fondateur d'Arc-en-Ciel Application avec son père en 2003, est passé par l'école des managers de Mulhouse.
Photo : Christian Robischon.

La phase 2 donne une bonne part de son ADN à l’EDM : elle consiste à appliquer la théorie tout juste apprise dans sa propre entreprise, avec des points d’étape à l’école pour ne pas s’égarer.

Chaque élève restitue son expérience lors d’un séminaire collectif. Chacun visite aussi l’entreprise des autres et en ressort un « rapport d’étonnement ».

Cette phase conduit à la dernière: l’approfondissement de cinq « chantiers » à conduire parmi les thèmes généraux présentés en début de cursus (marketing, gestion-finances, management et RH, contrôle de gestion, développement de l’entreprise) pour aboutir à la construction d’un business plan pour de vrai.

Un diplôme de niveau bac+4

Le réseau s’est posé la question de valider cette formation par un diplôme.

Cette culture étant si forte en France, il s’est engagé dans cette voie il y a cinq ans : l’élève de l’EDM qui convainc le jury d’évaluation finale décroche un titre de « chef d’entreprise développeur de PME », de niveau II, soit l’équivalent d’un bac+4.

Tout ceci a un coût : 12 800 €. Non négligeable, mais accessible à financements extérieurs (en premier lieu les OPCA, organismes collecteurs des fonds formation).

Et rentable, assurent quelques-uns des nouveaux diplômés ou futurs diplômés rencontrés à Mulhouse.

Emilie Rabieczynski reprend progressivement l'entreprise familiale Kabelec. Photo : Christian Robischon.
Emilie Rabieczynski reprend progressivement l'entreprise familiale Kabelec.
Photo : Christian Robischon.

Plus seulement le fils ou la fille de...

Chez Kabelec à Aspach-le-Haut (Haut-Rhin), l’EDM sert à la transition entre le cédant Philippe Rosfelder et Emilie Rabieczynski, sa fille.

Elle n’avait pas du tout le profil-type pour reprendre l’affaire de câbles et faisceaux : son diplôme universitaire, c’est un DESS d’histoire, spécialité muséologie du patrimoine !

« J’ai cherché à plusieurs endroits la formation qui pourrait convenir, je l’ai trouvé à l’Ecole des managers, car elle me permet de rester dans la société pour appliquer les enseignements. Toutes les questions que je me suis posées seraient venues à moi un jour, mais sans doute pas aussi vite ».

Emilie a notamment apporté cette vision stratégique à moyen terme à laquelle l’EDM rend attentif dès le début du cursus.

Engagée en 2010, elle n’est encore « que » directrice générale. La transmission complète de flambeau prendra encore quelques années. Elle se passe d’autant mieux que son papa agit avec un doigté subtil, lâchant volontiers ce qu’il faut de bride à sa fille pour accepter ses positions et prendre les décisions à deux sans conflit.

Relire aussi l'article de Traces Ecrites News sur la société Arc-en-Ciel en cliquant ici.

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