RECYCLAGE/NANCY. Exemple d’économie circulaire, la start-up Econick extrait des sols pollués ou naturellement riches en métaux, des sels métalliques comme le nickel.
Les cristalleries Daum à Nancy testent d’ores et déjà depuis un an les oxydes de nickel pour la teinte « vert-gris » de leurs produits.
Un des principaux freins pour la start-up issue de recherches universitaires, est d’ordre règlementaire.

 

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L’Alyssum murale (à gauche) est broyée, puis brûlée afin d’extraire de ses cendres le nickel par cristallisation. © Philippe Bohlinger.

 

La plante Alyssum murale, plus connue sous le nom d’Alysson des murs, et de la famille des Brassicacées (comme la moutarde) a la faculté de capter le nickel contenu dans des sols contaminés ou naturellement riches en métaux.

 

Fondée en août 2016 par sept chercheurs de l’Université de Lorraine, du CNRS et de l’INRA, Econick à Nancy extrait des sels métalliques de haute pureté des tiges et des feuilles de cette variété dite “hyperaccumulatrice” et les commercialise auprès de clients industriels. La jeune pousse ne compte pas s’arrêter là. Elle planche d’ores et déjà sur l’extraction d’autres métaux comme le cobalt ou encore le zinc.


Le point de départ de cette aventure scientifique et économique se trouve en Albanie. Depuis les années 90, le Laboratoire sols et environnement (Université de Lorraine - INRA) y perfectionne l’extraction du nickel dans des terres infertiles, car naturellement trop riches en métaux.

 

La production des premiers grammes de sels métalliques bio-sourcés à partir de cette technique basée sur la phytoextraction à convaincu les chercheurs de passer à l’échelle industrielle. Lancé en 2013, leur projet, soutenu par la SATT Grand-Est et l’Incubateur lorrain, a jeté les bases d’un nouveau mode d’extraction minière écoresponsable, l’agromine.

 

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Les plantes sont actuellement cultivées sur 2 hectares de terre en Albanie, en partenariat avec l’Université de Tirana. Elles sont récoltées avant que les premières feuilles ne tombent, broyées puis brûlées en Lorraine dans une chaudière de 20 kilowattheures. Les cendres ainsi obtenues affichent des concentrations de 15 à 20% en nickel ! Elles sont mises en solution, afin de récupérer le précieux métal par cristallisation.

 

« L’agromine combine des savoir-faire en agronomie et en génie des procédés. D’un côté, il s’agit de choisir les bonnes variétés de plantes, ainsi que les terrains offrant une concentration optimale en éléments métalliques ciblés. De l’autre, d’extraire les sels métalliques en employant un procédé le plus écologique possible, en limitant notamment l’emploi de solvants chimiques » pointe Kévin Siebert, le directeur du développement.

 

Parallèlement, le procédé permet la production d’énergie par combustion de la biomasse, tout en améliorant la fertilité de terres agricoles.

 

Des obstacles règlementaires

 

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Les cendres sont diluées dans une solution pour en extraire, par cristallisation, les sels métalliques de haute pureté. © Philippe Bohlinger.

 

Il pourrait aussi intéresser les secteurs du luxe, de la cosmétique et de l’électronique, car il s’inscrit dans le cercle vertueux de l’économie circulaire.


A l’instar de boues rouges envoyées par un industriel, certaines sociétés confient leurs déchets à Econick. Afin de tester le potentiel de ces déchets, la start-up exploite 200 m² de parcelle expérimentale à Homécourt (Meurthe-et-Moselle) en partenariat avec le Gisfi (Groupement d’intérêt scientifique sur les friches industrielles).


Econick souhaite proposer ses produits et services à des partenaires industriels ou clients désireux de s’orienter vers des modes approvisionnement plus écoresponsables.


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Les cristalleries Daum à Nancy testent d’ores et déjà depuis un an les oxydes de nickel fabriqués par Econick pour la teinte « vert-gris » de leurs produits. « Nous cherchons actuellement à améliorer la robustesse de nos procédés, afin d’être en mesure de fournir à Daum une qualité constante », détaille Kévin Siebert. La célèbre manufacture s’intéresse au procédé pour extraire des métaux comme le cobalt ou le zinc sur son ancien crassier.


Un des principaux freins pour la start-up, qui associe à son capital ses sept fondateurs à un actionnaire privé, est aujourd’hui d’ordre règlementaire. Selon que les plantes sont considérées comme de la biomasse ou un déchet, les opérations de transport ou de combustion ne s’inscrivent pas dans le même cadre…

 

...Pour financer les études démontrant le caractère inoffensif de sa matière première, Econick a choisi de s’attaquer à des métaux plus rémunérateurs que le nickel.

 

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Kévin Siebert, directeur du développement d’Econick. © P. Bohlinger.

Qui est Kévin Siebert ?


Ce Nancéien, diplômé d’Ecole d'ingénieurs en génie des matériaux (Université de Lorraine), puis de l’Ecole normale supérieure, aurait pu se satisfaire d’une carrière dans un grand groupe industriel.

 

Passé par Alstom, Schneider Electric puis Eiffage, il a choisi de rejoindre au printemps 2017 la start-up Econick comme directeur du développement.

 

« J’ai été séduit par l’ambition des sept chercheurs à l’origine du projet. Ils souhaitent révolutionner les modes d’extraction des métaux, en faisant le pari de l’éco-responsabilité. »

1 commentaire(s) pour cet article
  1. PIPARDdit :

    Bien joué Kevin! Jean-Marc

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