cen
Deux des trois biotechs fondées à Dijon par le professeur Allaert.

SANTÉ. Pour les hypertendus, consommer du sel, facteur reconnu d’aggravation, ne devrait plus être un problème d’ici à deux ans. Mais attention, l’innovation en cours de validation européenne, n’est pas du sel de substitution, réputé être peu agréable au goût : il s'agit de "vrai" sel, à peine modifié.

 

En partenariat avec l’Allemand Han Hepa et le Coréen Biotech, titulaire du brevet, CEN Nutriment, l’une des trois sociétés du professeur François-André Allaert, va fonder une entreprise à Dijon et installer une unité de production près d’un littoral français.

 

Ne manque plus pour engranger la mécanique finale que l’octroi d’une allégation de santé, actuellement sur le bureau de l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Explications.

 

A quoi tiennent parfois les rencontres prometteuses ? «Dans le cas présent au fait que je n’aime pas le goût du sel de potassium, substitut recommandé du vrai sel pour les hypertendus », explique le professeur François-André Allaert, à la tête du groupe dijonnais CEN (près 3 millions d’€ de chiffre d’affaires, 30 salariés), spécialisé dans les études de santé pour une clientèle internationale de grands laboratoires.

 

Une autre raison découle de son ouverture naturelle d’esprit lorsqu’on lui a proposé d’étudier les bienfaits d’un sel venu de Corée et légèrement modifié pour contenir l’hypertension grâce à l’ajout de chitine, une molécule que l’on trouve en grande quantité dans la coquille du crabe.

 

« J’ai bien failli envoyer promener les responsables de la société allemande Han Hepa et de Biotech, l'entreprise coréenne titulaire du brevet, qui défendent ce projet, mais je me suis dit que ce serait une véritable révolution agroalimentaire pour 14 millions d’hypertendus en France », confesse le scientifique.

 

Les investigations commencent en 2010 sur 40 volontaires, légèrement hypertendus, qui se soumettent à tour de rôle à la consommation du sel classique et à celui intégrant de la chitine. Les résultats sont probants : le sel imaginé par les Coréens est beaucoup moins hypertenseur et procure exactement les mêmes sensations gustatives.

 

« Vous imaginez les marchés potentiels : le sel de table bien sûr, mais également la panification, les salaisons et toute l’industrie du plat cuisiné, souvent montrée du doigt pour trop saler les mets », s’enthousiasme François-André Allaert.

 

Un investissement d’une dizaine de millions d’€

 

Reste maintenant à franchir un obstacle de taille : obtenir une allégation de santé auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l’équivalent de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les médicaments.

 

Comme les autorités administratives françaises tardaient à adresser le dossier, les protagonistes sont passés par l’Allemagne et l’EFSA planche sur la demande. « Nous serons peut-être obligés de compléter nos résultats par d’autres études, mais j’ai bon espoir que l’affaire débouche dans les 6 mois à deux ans », indique le professeur.

 

En attendant, Han Hepa et CEN ont, en septembre dernier, pris chacun 30% du capital du Coréen Biotech qui peinait à survivre, pour se préparer à investir en France dans une société de production en bordure de littoral et une autre de R&D à Dijon, pourquoi pas sur le futur site de la Cité de la Gastronomie. L’enveloppe financière s’élève à environ 10 millions d’€ et devrait générer de nombreux emplois.

 

allaert
François-André Allaert, président du groupe CEN.

Qui est François-André Allaert ?

 

Il pourrait noircir une page du Who’s Who, tellement son CV est long comme le bras. Docteur en médecine, spécialiste de santé publique, docteur en pharmacie, professeur, enseignant à l'université de Liège, cet homme de 55 ans, originaire de l’Yonne, est aussi titulaire d’une chaire à l’ESC Dijon.

 

A son actif, pas moins de 1300 publications, dont près de 200 référencées Medline, la bibliothèque américaine de médecine.

 

Levé tôt et couché tard, ce travailleur infatigable a aussi été élu 13 ans en tant qu’adjoint au maire de Dijon et vice-président de la communauté de l’agglomération du Grand Dijon.

 

Il préside actuellement l’agence de promotion économique Dijon Développement. Parmi la moindre de ses qualités, François-André Allaert aime, confie t-il, la contradiction démontrée, la marche en avant et l’esprit d’équipe.

 

Le groupe CEN

 

Né en 1995 avec CEN Biotech qui évalue pour le compte de laboratoires les futurs médicaments et dispositifs médicaux, le groupe CEN s’est renforcé en 2006 de CEN Nutriment, l’une des rares structures d’investigation clinique en France pour l’évaluation alimentaire et les nutriments.

 

Comme il n’y a jamais deux sans trois, CEN Nutrition Animale est venue compléter le tableau en 2012. Implanté non loin de l’hôpital de Dijon et sur le pôle scientifique Mazen-Sully, le groupe possède en propre trois bâtiments distincts qui auront coûté à son fondateur plus de 5 millions d’€.

 

prelevement
CEN dispose de nombreuses salles d'examen.

 

 Photos fournies par CEN.

Commentez !

Combien font "8 plus 6" ?