Le cluster TIS se positionne sur l’ensemble des technologies innovantes de la santé.
Le cluster TIS se positionne sur l’ensemble des technologies innovantes de la santé.

RESEAU. Le nord Franche-Comté, moteur dans le marché des dispositifs médicaux ?

Ce n'est pas la première idée qui vient à l'esprit lorsqu'on évoque cette région fortement marquée par l'empreinte de Peugeot-Citroën, Alstom et General Electric.

Pourtant, le cluster des Technologies Innovantes de la Santé (TIS), lancé en 2006, étend désormais sa zone d'influence au-delà de l'aire urbaine Belfort-Montbéliard-Héricourt pour toucher des entreprises de tout le Grand Est.

Près de 80 entreprises sont aujourd'hui impliquées dans ce cluster ou grappe d'entreprises.

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Un cluster est, par nature, une structure très légère, puisque ne se traduisant par la mise en œuvre d'aucune organisation dédiée. Il s'agit, dans une zone géographique donnée, d'une grappe d'entreprises mises en relation pour mettre en œuvre des savoir-faire communs.

Le cluster des TIS est né en 2006 à Belfort dans un contexte de crise : le plan social d'Alstom en 2004-2005, et, en filigrane, de fortes interrogations sur la santé de Peugeot-Citroën à plus ou moins long terme.

L'Etat, la région de Franche-Comté et l'Europe lancent alors un appel d'offre pour une action collective destinée à diversifier le tissu économique local. L'idée germe alors à l'agence de développement économique de Belfort et son Territoire [www.adebt.fr ] de créer un « pôle santé ».

Plusieurs entreprises bisontines du domaine de la santé étaient venues s'installer au Techn'hom de Belfort, à quelques pas de la CERP Rhin-Rhône-Méditerrannée, grossiste répartiteur et Boiron, spécialiste de l'homéopathie. La salle blanche de Gigastorage (*) cherchait de son côté une nouvelle destination.

Début 2006 (**), l'Adebt lance donc un courrier à quelques 35 entreprises de l'Aire urbaine Belfort-Montbéliard-Héricourt. L'idée leur paraît opportune, mais se pose la question du positionnement, de façon à se différencier de la toute proche Alsace BioValley.

Les compétences des entreprises portant sur le traitement de surface, la plasturgie, l'informatique, le choix s'arrête sur le marché des dispositifs médicaux.

Prothèse articulaire fabriquée par Zimmer, à Etupes (Doubs).
Prothèse articulaire fabriquée par Zimmer, à Etupes (Doubs).

Du stéthoscope aux colles biologiques

Cela recouvre un vaste domaine, aussi bien le stéthoscope que les lentilles intraoculaires, le fauteuil roulant que le pacemaker, les sutures que les colles biologiques.

« Nous réunissons deux types de membres, explique Françoise Decker, chef de projet à l'Adebt. Ceux dont l'activité est à 100% dans le médical, et ceux dont y consacrent moins de 30%, voire pas du tout, mais dont le savoir-faire pourrait répondre à un besoin de la santé. »

Initialement concentré sur le Territoire de Belfort, le cluster des TIS s'est étendu à l'ensemble de l'Aire urbaine Belfort-Montbéliard-Héricourt, avec pour objectif de faire rayonner son savoir-faire au-delà dans tout le Grand Est.

Près de 80 entreprises sont aujourd'hui impliquées dans ce cluster.

Pour réunir cette grappe, Françoise Decker a organisé pas moins de 32 petits-déjeuners, en partenariat avec la CCI de Belfort et participé à quelques-uns des salons les plus réputés dans le domaine, aussi bien en France qu'en Allemagne et en Suisse.

Les membres ont ainsi appris à se connaître, surmontant la crainte de la concurrence. Désormais, ils entrent parfois en contact directement pour des visites d'entreprises, voire répondre à des recherches de compétences.

« Nous nous sommes aperçu que l'information est même parfois diffusée hors cluster, » remarque Françoise Decker.

Un projet de A à Z

Parmi les dix projets collaboratifs dont le cluster a été directement à l'origine, elle cite l'exemple de Zimmer, entreprise d'Etupes, près de Montbéliard (Doubs), qui cherchait à rapatrier d'Italie une activité de traitement de surface pour recouvrir des prothèses.

La mise en relation avec le LERMPS, laboratoire d'études et de recherche sur les matériaux, les procédés et les surfaces de l'Université de Technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) et de la société de traitement de surface par projection thermique Médicoat a permis de mener le projet à bien.

L'investissement de l'ordre de 2,5 millions d'€ a eu des retombées aussi bien pour le LERMPS que pour Médicoat.

Le cluster TIS est aujourd'hui connu aujourd'hui au-delà de la Franche-Comté et reconnu dans les milieux médicaux.

L'ambition de Françoise Decker serait qu'il soit le creuset d'un dispositif médical innovant qu'il mènerait de A à Z .

« Créer un dispositif à partir d'un besoin exprimé par un praticien, un infirmier ou un malade, qui nécessite un développement, une fabrication et une commercialisation : que nos membres répondent ensemble à ce besoin, » résume la chef de projet de l'Adebt.

Le marché des dispositifs médicaux

Selon une étude de 2010 de l'agence d’intelligence économique de Franche-Comté, le marché mondial des dispositifs médicaux est évalué à 166,7 milliards d'€, dont 32% pour l'Europe (53,6 milliards d'€).

Le marché national a évolué de 11% entre 2006 et 2008 pour représenter environ 6,2 milliards d'€ cette même année.

Françoise Decker, chef de projet à l'Adept et responsable du cluster TIS.
Françoise Decker, chef de projet à l'Adept et responsable du cluster TIS.

En Franche-Comté, 150 à 180 entreprises travaillent dans le secteur, mais elles sont mal connues car non identifiées par un code d'activité propre au secteur médical.

 (*) Société américaine installée de manière éphémère à Belfort en 1994 pour fabriquer des disques durs.

(**) Un peu plus de 150 000 € de subventions ont été obtenus pour le lancement : État 45 000, fonds européens Feder 53 000, Région 34 000 et Alstom 20 000, dans le cadre de l'accompagnement du plan social.

Crédit photos Adebt

   

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