INVESTISSEMENTS/EST. Prêteur des collectivités locales et du logement social, mais aussi investisseur dans des projets d’entreprises, la Caisse des dépôts a récemment présenté son bilan de l’année écoulée.
Cette revue de projets en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand Est  montre la diversité des initiatives soutenues : pleins feux sur la cogénération en Bourgogne-Franche-Comté. ; en Alsace, l’usine de Roquette Frères se chauffe par la géothermie profonde ; un second souffle au centre-ville d’une ville moyenne, c’est l’ambition que porte Châlons-en-Champagne ; en Lorraine, un îlot à énergie positive à la frontière avec le Luxembourg.

 

• En Bourgogne-Franche-Comté, deux installations XXL de cogénération.

 

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La centrale de cogénération de la papeterie de Novillars. © Akuo Energy.


Avec la centrale de gazéification des déchets du BTP du groupe Bonnefoy, et la centrale de production de vapeur de la papeterie de Novillars, tous les deux près de Besançon, la Caisse des dépôts a trouvé la scène idéale pour jouer son rôle d’accompagnateur de projets privés producteurs d’énergies renouvelables.
L’institution financière soutient à hauteur de  4,35 millions d’€ le projet du groupe Bonnefoy chiffré à 34 millions d’€ et apporte 7,7 millions à celui de la papeterie de Novillars, réactualisé à 87 millions.

Les deux industriels parient sur la cogénération pour réduire l’impact de l’activité économique sur l’environnement.

Bonnefoy met en oeuvre une technologie innovante, celle de la gazéification. Les déchets non recyclables du bâtiment issu de son centre de tri sont convertis à haute température en gaz de synthèse qui sert à produire à la fois de l’électricité, injectée dans le réseau, et de la chaleur pour couvrir ses besoins et à terme, ceux d’autres entreprises qui viendront s’installer à proximité.
L’engagement de la Caisse des dépôts va au-delà du soutien à un investissement puisqu’elle devient le second actionnaire (24,67%), après le groupe Bonnefoy, de la société Synnov Déchets, spécialement créée pour porter et exploiter la centrale.

La technologie de la papeterie de Novillars, le bois biomasse, est plus courante, mais elle est développée ici en grande dimension. Elle produira 153 GWh/an d’électricité, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 105.600 personnes et 215.000 tonnes de vapeur.

Cette énergie verte permettra à l’industriel, très énergivore, de réduire sa facture. Et à terme d’alimenter un réseau de chaleur pour les bâtiments publics de la commune de Novillars.

Dans ce projet aussi, la Caisse des dépôts entre au capital (pour 21,1%) de la société Cogénération Biomasse de Novillars, aux côtés de l'actionnaire majoritaire, Akuo Energy – Néréa. C.P.

 

En 2017, c’est à nouveau à Besançon que la Caisse des dépôts a trouvé matière à soutenir des projets innovants. La démarche de ville intelligente deu Grand Besançon se traduira par l’expérimentation d’une navette autonome dans l’enceinte de la Citadelle. Et le futur pôle tertiaire Viotte, autour de la gare, testera le stationnement intelligent.

 

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• En Alsace, l’usine de Roquette Frères chauffée par la géothermie profonde.

 

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Le site industriel de Roquette Frères. © Traces Ecrites.

 

En Alsace, la Caisse des dépôts apporte sa pierre à une première mondiale en matière d’énergie renouvelable : l’alimentation d’une usine par la géothermie en roche profonde. Cela se passe dans le nord de la région, à la centrale de Rittershoffen (Bas-Rhin) au bénéfice du site industriel Roquette Frères à Beinheim, 15 km plus loin.

Depuis le milieu de l’année dernière, le transformateur d’amidon reçoit la vapeur nécessaire à son process grâce à l’eau chaude remontant des entrailles du sous-sol. La géothermie exploite les failles naturelles de la roche – sans la controversée fracturation hydraulique – pour faire remonter à la surface de l’eau à 170 degrés puisée à 2 500 mètres de profondeur.

La solution procure 25 % des besoins en énergie de Roquette Beinheim, elle se substitue au gaz et porte à 75 % la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique, en comptant sa chaudière bois.

La Caisse des dépôts participe à hauteur de 20 % au capital de la société porteuse du projet, Ecogi (Exploitation de la chaleur d’origine géothermique pour l’industrie) qui associe Roquette et l’énergéticien local ES (Electricité de Strasbourg, filiale d’EDF). « Rittershoffen offre l’exemple typique d’un dossier où nous pouvons combiner l’apport d’une ingénierie de montage d’un projet et le financement de celui-ci », commente Patrick François, directeur régional de la CDC. M.N.


Parmi les priorités de financement en 2017 figurent le déploiement du réseau de fibre optique à très haut débit (le projet Rosace lancé en Alsace et celui à venir dans le reste du Grand Est), la construction de la cité numérique KM0 à Mulhouse et la poursuite des chantiers de construction et rénovation de bâtiments de l’Université de Strasbourg au titre de l’Opération Campus.

 

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• Un second souffle à la capitale de la Marne.

 

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Image non contractuelle de la transformation de la place Foch. © Châlons-en-Champagne.

 

Redonner un second souffle au centre-ville d’une ville moyenne, c’est l’ambition que porte Châlons-en-Champagne (Marne) qui escompte en devenir un « démonstrateur » à l’échelle nationale.

La Caisse des dépôts soutient le projet de redynamisation de l’îlot Foch, autour de l’Hôtel de ville. En plus du financement d’études préalables, l'établissement apporte à la commune son expertise, dans le montage juridique et financier d’opérations de requalification de ce quartier dans lequel la ville prévoit de consacrer plus de 66 millions d’€ dans les espaces publics, le développement de commerces et de services, et la reconquête de l’habitat.
La situation est complexe. Le site concentre plusieurs immeubles vacants, impropres aussi bien au commerce, car trop petits - qu’au logement, l’accès aux étages n’étant plus aux normes.

S’ajoutent la multiplicité des propriétaires, le coût des travaux qui peut décourager les investisseurs et les contraintes liées à l’inscription de bâtiments aux Monuments Historiques.
L’ambition des élus de la capitale de la Marne d’accueillir 4000 nouveaux habitants d’ici à 2030, et des étudiants. C.P.

 

L'aménagement numérique, piloté par la Région Grand Est sera l'un des investissements que la Caisse des dépôts va accompagner en 2017, un projet d'1,2 milliard d'€ sur cinq ou six ans.

 

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• En Lorraine, un îlot à énergie positive à la frontière.

 

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Le projet du promoteur Linkcity Nord-est mettra en œuvre un système constructif mixte bois-béton développé par Techniwood à Nancy. © Cabinet Dynamo Associés.


La Caisse des dépôts est partie prenante de la construction d’une « éco-cité » transfrontalière Alzette-Belval sur d’anciennes friches sidérurgiques à cheval sur la Lorraine et le Luxembourg. Le Grand-Duché a pris une longueur d’avance dans le cadre de l’aménagement de 120 ha à Esch-sur-Alzette (Moselle) : salle de concert, université, cité des sciences et de l’innovation, etc.
Côté français (217 ha aménageables), l’opération d’intérêt national initiée en 2009 s’est concrétisée fin 2016 par des premiers coups de pioche sur la friche de Micheville, au nord du département de Meurthe-et-Moselle. 
Dans le cadre du programme Investissements d’avenir, la Caisse des dépôts s’est engagée à soutenir à hauteur de 3,88 millions d’€ la réalisation d’une première tranche de logements.

A ce titre, la CDC a signé le 6 décembre 2016 une convention avec l’Etablissement public d’aménagement Alzette-Belval, la communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette et Linkcity (Bouygues Construction).
Linkcity a lancé la construction d’un îlot à énergie positive constitué de 4 bâtiments (183 logements) mettant notamment en œuvre un système constructif mixte bois-béton démonstrateur du produit Panobloc développé par Techniwood à Nancy.

Sa livraison est prévue à l’été 2018. « Nous sommes heureux de contribuer à la reconversion d’un territoire qui ne demande qu’à se développer face au Luxembourg », se félicite Patrick François, directeur-régional de la CDC. P.B.


Parmi les priorités de financement en 2017 figure la création d’un fonds de soutien aux entreprises du Grand-Est, la poursuite de la collaboration entamée avec la Métropole de Nancy dans le cadre de l’aménagement de l’éco-quartier « Nancy Grand-Cœur » et le soutien aux projets de bâtiments totem de la FrenchTech à Metz et Nancy.

 

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Une année en Bourgogne-Franche-Comté

 

En Bourgogne-Franche-Comté, le volume de prêts aux collectivités locales - mission effectuée avec la collecte des livrets d’épargne - est montée en puissance. 170 millions d’€ de prêts ont été signés pour soutenir la réalisation de plus de 200 projets, ce qui traduit une forte proportion de projets de petites communes. « Ce qui me satisfait le plus, c'est le grand nombre de projets », se félicite Antoine Bréhard, directeur régional.
Parmi ceux-ci, 140 ont trait à la réhabilitation de bâtiments publics dont les trois quarts ont bénéficié de prêts croissance verte à taux zéro.
Traditionnel prêteur du logement social, la Caisse des dépôts a accordé 260 millions d’€ pour financer la construction de 2.200 logements nouveaux et la réhabilitation de plus de 6.000 logements.
Le bilan 2016 révèle aussi une augmentation des prêts aux entreprises (4,7 millions d’€, +4%), souvent déclencheurs de prêts bancaires qui ont profité à plus de 2.000 entreprises.

 

Une année dans le Grand Est

 

A l’échelle du Grand Est, la Caisse des dépôts a accordé 1,1 milliard d’€ de prêts en 2016, au secteur public (collectivités et autres organismes publics) et surtout au logement social. Celui-ci a été récipiendaire de 780 millions d’€, pour le financement de la construction de 6.180 logements et la réhabilitation de 17.000 autres.
Si le montant des emprunts est stable d’une année à l’autre, les interventions en fonds propres ont triplé pour représenter 49,6 millions d’€. Elles ont notamment concerné le KM0 mulhousien et le parc touristique du Petit Prince à Ungersheim (Haut-Rhin).
La Caisse des dépôts intervient aussi via le déblocage des fonds du Programme des Investissements d’Avenir (PIA) qui a consacré 328 millions d’€ au Grand Est depuis son origine.

Il finance en ce moment le projet d’EcoCité Alzette-Belval en Lorraine à la frontière avec le Luxembourg et la construction d’Ease à Strasbourg-Illkirch, centre européen de formation aux métiers de production en salles blanches.

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