Avis d'expert. Michel Berthelier, professeur en stratégie à l’école de management de Lyon et conseil en stratégie pour les entreprises et les territoires vient d’être mandaté par l’agence Creusot-Montceau Développement (CMD) pour accompagner le lancement du cluster engins mobiles, dont la première phase concerne la maintenance des infrastructures ferroviaires. Il explique la pertinence d’une telle démarche et informe sur quelques bonnes pratiques à respecter.

Les projets économiques collaboratifs foisonnent : pôles de compétitivité, clusters, groupements, alliances… En quoi répondent-ils aux attentes actuelles des entreprises ?

Ils découlent de plusieurs critères qu’intègrent aujourd’hui très bien les chefs d’entreprise dans leur stratégie de développement. On peut en citer trois : la complexité grandissante des produits à fabriquer, l’évolution de plus en plus rapide des marchés et une pression financière sans cesse croissante. Surtout s’il s’agit de PME, qui faute de taille critique, ne peuvent trouver les ressources suffisantes. D’où la nécessité de faire ensemble en mariant les savoir-faire. Les groupements d’employeurs par exemple, et je pense notamment à ceux de Haute-Saône, dédiés à recruter un cadre à temps partagé, fonctionnent plutôt bien.

Quelles spécificités intègre un cluster, autrement baptisé en français québécois grappe d’entreprises ?

Il fédère un réseau d’acteurs soucieux de partager des problématiques technologiques comme commerciales pour s’adapter aux besoins d’un marché national, voire international. Un cluster doit regrouper des institutionnels, des entreprises et des instituts de recherche et de formation. Sa pertinence, autant que ses chances de réussite, tiennent au judicieux équilibre à trouver sur des objectifs communs. Le plus important à mes yeux, dès le départ, consiste à rendre visible ses compétences en les identifiant à un territoire donné pour pouvoir en attirer d’autres.

Quels pièges doit-on éviter ?

Le grand danger consiste à créer un club fermé et ne pas se doter de moyens financiers suffisants. Il faut, à mes yeux, être ambitieux et accepter dès la naissance du cluster le plus grands nombre d’acteurs possible : des concurrents comme des clients. Il convient ensuite de bien l’animer par une, voire plusieurs personnes, uniquement recrutées pour cette mission. Le ticket d’entrée doit être élevé pour éliminer les adhérents dormants qui sont là juste pour voir. Le cluster se doit d’offrir au territoire qui l’accueille la plus grande lisibilité possible. L’implication des collectivités locales apparaît donc essentielle. Garantes de la bonne et juste utilisation de l’argent public, leur rôle d’accompagnement, de conseil et de surveillance me semble indispensable.

Quelle est l’originalité du cluster engins mobiles, porté par la Communauté Urbaine Le Creusot-Montceau ?

Il est à ma connaissance à ce jour unique en France et sans doute aussi en Europe. Dans sa première déclinaison portant sur la maintenance des infrastructures ferroviaires, il devrait s’ouvrir un immense marché, la SNCF sous-traitant de plus en plus ce type d’activité. L’existence d’une plate-forme ferroviaire avec 12 km de voies à Montceau-les-Mines lui offre une localisation rêvée et représente un fort potentiel pour attirer des métiers complémentaires : formation, stockage... Hydro 3m ne s’y est pas trompé en jetant les bases d’un premier groupement d’entreprises.

À lire aussi ce point de vue dans Écosphère, le magazine économique de la Communauté Urbaine Creusot-Montceau.

www.cmd-bourgogne.fr/

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