RESSOURCES HUMAINES/MOSELLE. Le petit poucet du travail temporaire à Metz compense les fluctuations de ce marché par une double expertise en conseil en ressources humaines et  recrutement.
La croissance externe est le moteur de son développement. Menway vient de prendre une participation majoritaire chez les deux chasseurs de tête, Mindfield Search et  NIM Europe.

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Le siège social de Menway sur le Technopole de Metz emploie une quarantaine de personnes.

 

Les fluctuations du marché de l’intérim ont incité Jean-Louis Petruzzi, président et fondateur de Menway à Metz, à diversifier son positionnement stratégique, ces deux dernières années. La conjoncture semble lui donner raison.

 

« Depuis juin, les grands groupes de travail temporaire dressent le même constat que nous : le marché de l’intérim se tasse de manière inquiétante », livre le dirigeant. Au 2e trimestre, l’intérim a stoppé sa progression en France (- 0,4 %) et continué de diminuer dans le Grand-Est (-0,6%), après une baisse de 1,1% au 1er trimestre (source Insee).

Le groupe Menway (340 personnes) cultive un positionnement atypique par rapport à ses concurrents en investissant les trois métiers complémentaires du travail temporaire, du conseil en ressources humaines et du recrutement.

 

Dans le recrutement, Menway profite d’un marché de l’emploi porteur et de son orientation autour des marchés de niche comme les métiers de la pharmacie avec sa filiale Altigapharma, ou dans l’emploi des jeunes avec la start-up nancéienne Yupeek. Dans le conseil, Menway a du composer avec la loi travail de 2016 qui a modifié les dispositions concernant le plan de sauvegarde de l’emploi.



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La croissance externe est le moteur de son développement actuel. Après deux acquisitions en 2016 (Yupeek et ImageInPeople), deux autres en 2017 (Homega et Solerim), l'entreprise messine a mené à bien en mai 2018, une prise de participation majoritaire dans deux cabinets de recrutement, Mindfield Search (chiffre d’affaires de 1,3 million d’€) et NIM Europe (chiffre d’affaires de 6,2 millions d’€).

 

Objectif, renforcer son offre à destination des cadres supérieurs et des cadres dirigeants. « Nous conduisons actuellement deux négociations importantes afin d’accélérer sur ces nouveaux marchés », poursuit le dirigeant qui cible les 200 millions d’€ de chiffre d’affaires en 2019.

Pour atteindre ses ambitions, Menway a levé 30 millions d’€ en 2017 pour moitié par emprunt auprès d’un pôle bancaire, pour l’autre par une ouverture de capital intégrant le CM-CIC Investissement et Bpifrance qui détiennent désormais respectivement, 21% et 3% du capital.

 

Composer avec les fonds d’investissement
 

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Le groupe compte 340 salariés et gère un volant de 3000 équivalent-temps plein en intérim.

 

Le dirigeant n’exclut pas de nouveaux appels de fonds dans les années à venir pour mener à bien sa stratégie de croissance externe. « J’ai déjà été minoritaire dans un grand groupe, cela ne me pose pas de soucis tant que je peux continuer à écrire l’histoire », livre-t-il.

 

Dans sa stratégie offensive, le président de Menway doit néanmoins composer avec les fonds d’investissement. « Ils disposent de beaucoup de liquidités et investissent dans les ETI [entreprises de taille intermédiaire] ce qui amène à survaloriser certaines sociétés », juge-t-il.

 


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L’entreprise fondée en 2002 continue parallèlement de se renforcer dans l’intérim, comme en témoigne l’acquisition en 2017 de Sorelim et ses six agences en Ile-de-France. « Notre réseau (Enthalpia, Menway, Solerim) ne traite pas les marchés de volumes, mais de compétences. Nous collaborons beaucoup avec des ETI régionales et peu avec les grands groupes dans le cadre de conventions nationales. Car nous pensons que ce marché est menacé à terme par la digitalisation », poursuit Jean-Louis Petruzzi.

Sur le volet digital, Menway a internalisé le recrutement de candidats en lançant l’année dernière, Réservoir Jobs. Si l’intérim truste 70% du chiffre d'affaires de 158 millions d’€ en 2017 (en progression de 19%), ses marges demeurent toutefois moindres.

 


Qui est Jean-Louis Petruzzi ?


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Jean-Louis Petruzzi, 64 ans, est convaincu de l’intérêt de conjuguer intérim, recrutement et conseil en ressources-humaines. Il a d’ailleurs recruté en septembre 2017 Laura Noirot, ex. directrice régionale Lorraine/Champagne d'Elior Services pour développer des passerelles entre ses trois métiers.
Le président de Menway avait déjà cette idée en tête en fondant en 1987 le cabinet de recrutement de cadres ProConsultant à Metz (400 personnes et 170 agences à l’époque en France). Il l’a finalement quitté en 2000, car son actionnaire, les sociétés d’investissement belges Ackermans & van Haaren « ne souhaitait pas que j’investisse le champ de l’offre RH », confie-t-il.
Jean-Louis Petruzzi lance Hominis deux ans plus tard devenu Menway en 2013. Freiné par la crise et la présence du fonds MBO Partenaires, le dirigeant a retrouvé des coudées franches en rachetant les 40% de participation du fonds en 2013 et accéléré la croissance organique et externe du groupe.

 

Photos fournies par l'entreprise.

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