RECYCLAGE/MARNE. La station d’épuration d’Epernay-Mardeuil, dans la Marne, est officiellement autorisée depuis fin 2015 par l’Etat à valoriser pour la fabrication de céramique, les Technosables® produits par Veolia à partir du traitement des boues. Une première en Europe.

L’industrie routière et les travaux publics sont également concernés au premier chef par l’emploi de ce matériau sous forme de remblai ou de granulat.

 

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Franck Leroy, maire d’Epernay et président de la communauté de communes Epernay Pays de Champagne, présente un morceau de Technosables. ©Frédéric Marais / Agence Info

 

Les Technosables® sont obtenus par la technique dite de l’oxydation par voie humide, qui consiste à chauffer les boues d’épuration à 250° sous une pression de 54 bars en présence d’oxygène pur, pendant une heure.

 

Il en ressort un mélange de gaz, de liquide, et surtout de résidu solide minéral, non toxique et inodore, composé d’argiles, de calcaires et de phosphates, appelé Technosable® par Veolia, dont le procédé Athos équipe la station d’épuration d’Epernay-Mardeuil dans la Marne.

 

Ce procédé constitue une alternative à l’épandage, interdit en zone d’appellation champagne comme c’est le cas autour d’Epernay.

 

Plusieurs années d’études et de tests ont démontré qu’ils pouvaient être valorisés dans deux filières principales : la fabrication de faïence et la construction de routes.

 

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La composition du matériau ainsi obtenu présente en effet des similitudes avec celle de la céramique. On peut le mélanger à hauteur de 7 % dans le produit fini, où il se substitue à 3 % d’argiles, 3 % de craie et 1 % de quartz.

 

Les essais industriels se sont avérés concluants, faisant apparaître notamment une amélioration de la dureté des carreaux, une économie de matières premières et un possible abaissement de la température de cuisson.

 

Premiers tests dans l’usine de carrelages MEG Céramique

 

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Carreaux de carrelage fabriqués avec des Technosables. ©JML Photographies / CCEPC

Il faut en revanche noter que les premiers tests effectués dans l’usine de fabrication de carrelage MEG Céramique à Oiry, à côté d’Epernay, n’ont pas donné entière satisfaction.

 

L’entreprise indique toutefois que « l’idée n’est pas abandonnée et que les essais se poursuivent ».

 

Or le modèle économique repose sur la proximité du lieu de production des Technosables® (la station d’épuration) avec leur lieu d’exploitation afin que les coûts de transport n’annulent pas les gains de matière première.

 

C’est la raison pour laquelle l’autre débouché - les travaux publics - semble être la piste la plus pertinente pour l’instant. La communauté de communes Epernay Pays de Champagne, propriétaire de la station d’épuration de Mardeuil, est la première, et la seule à ce jour, consommatrice de ce matériau.

 

Elle l’a utilisé en 2012 dans une rue d’Epernay sur un chantier expérimental comme remblai de tranchées. Non pas pur, car il est trop fin et contient encore trop d’eau et de matières organiques pour être utilisé seul, mais dans la proportion de 35 % maximum mélangés avec de la chaux.

 

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Ce faible pourcentage suffit pourtant à épuiser potentiellement le gisement de Technosables® issus de Mardeuil : 700 tonnes par an. « Toute la production permettrait de réaliser entre 800 et 1.000 mètres de voirie par an dans le périmètre de la communauté de communes. Or nous refaisons entre 2 km et 2,5 km par an », indiquent les techniciens.

 

Autrement dit, la production locale de Technosables® ne couvre pas les besoins domestiques, même si les entreprises de travaux publics sont invitées à venir enlever gratuitement les 5.500 tonnes de matériau qui se sont accumulées depuis six ans dans l’enceinte de la station d’épuration en attendant leur autorisation de mise sur le marché.

 

D’autres pistes explorées dans le BTP

 

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La station d’épuration d’Epernay-Mardeuil a constitué un stock de Technosables® (en arrièe plan) depuis six ans. ©Frédéric Marais / Agence Info

 

Le fait que la station d’épuration de Mardeuil soit à ce jour la seule en France et en Europe à produire des Technosables® destinés à l’industrie freine l’émergence de véritables filières.


Cela n’empêche pas les spécialistes de réfléchir à d’autres emplois possibles. Dans les travaux publics toujours, ils peuvent servir sous forme de granulat, préservant ainsi une ressource naturelle plus noble et en voie de raréfaction, mais ils se heurtent ici à un concurrent de taille : les 100 millions de tonnes/an de déchets inertes du BTP (bétons, terres, gravats) potentiellement recyclables.

 

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Des tests ont toutefois été menés avec deux industriels fabriquant l’un du schiste expansé, l’autre de l’argile expansé. D’autres pistes sont explorées : l’intégration dans les mortiers bétons, les engrais de granulation et la tuilerie.

 

Reste que le procédé mis en place à Mardeuil satisfait les collectivités locales, pour qui cette production est une solution moins coûteuse et plus valorisante que d’incinérer ou de mettre en décharge les boues de la station d’épuration, ou d’aller faire de l’épandage dans des champs situés à plusieurs dizaines de kilomètres de là.

 

Franck Leroy, maire d’Epernay et président de la communauté de communes Epernay Pays de Champagne, y voit aussi un « exemple parfaitement abouti d’économie circulaire ».

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